Fernand Kolney

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Fernand Kolney
Un beau talent de polémiste qui fait songer, même dans le roman, à Laurent Tailhade (auquel M. Fernand Kolney consacra une excellente monographie), à Léon Bloy et, si je puis parler ainsi, à leur père à tons Juvénal.
Comme Juvénal fit le tour de la société, romaine, M. Fernand Kolney parcourt le cercle de'notre enfer moderne et il a saisi sur le vif des scènes. auxquelles il donne, dans ses peintures, les éclatantes couleurs des tableaux de Goya -. volumes d'ombre et de lumière sans cesse opposés. Son style atteint facilement le paroxysme d'un génie oratoire un peu romantique où les épithètes rares et parfois précieuses sont charriées pêle-mêle avec les mots barbares. II a l'étrange beauté d'un torrent aux tumultueuses chutes, mais, comme le torrent, il dévaste et emporte tout sur son passage — et jusqu'aux préjugés auxquels notre infirme humanité tient le plus peut-être.
Cette violence n'est point du vandalisme; M. Fernand Kolney apprécie la beauté —' la beauté littéraire surtout — et il l'a prouvé, dans ses oeuvres, de la meilleure façon qui soit : en la créant à coups de touches successives. Lisez le Salon de Mme Truphot, Les Aubes Mauvaises, L'Affranchie, L'Amour dans 5.000 ans, et vous, la trouverez partout. Elle vous apparaîtra bientôt aussi dans cette satire sociale des derniers mois de guerre : Les Beaux Gosses, et dans cette étude de mœurs politiques, Le Roman d'un Attaché de Cabinet, qui vont paraître incessamment.
Le pessimisme, le nihilisme même de cet âpre et vigoureux écrivain n'est-il pas né, par une inévitable réaction, des mouvements d'une âme trop sensible que le spectacle de la vie a déçue ?
Son attitude n'est-elle pas, comme il le dit lui-même, la justification des emportements excessifs de ce réfractaire auquel le talent a mis à la main une redoutable plume de satiriste ?
N'est-il pas noble de se cabrer sans cesse devant le. mensonge et l'iniquité ?
Attitude dangereuse, certes, mais noble et dont on ne peut, ,en fin de compte, que le féliciter puisqu'elle nous a valu et nous vaudra encore de magnifiques pages toutes débordantes d'un généreux lyrisme.
Gabriel Reuillard


% Paris-Soir, 8 décembre 1924.

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