De la rue, elle crie...

Josse Comptoir des Ombres.jpg


On ne parle si souvent que ça d’Yves Martin sur l’Alamblog. Et certains diront justement qu’on n’en parle pas assez.
Mais on se rattrapera, ça ne peut manquer.
Profitons, pour commencer, du Comptoir des ombres de Jacques Josse pour évoquer cette figure maximale, pelucheuse et souple qui fit avec sa langue des choses extraordinaires, comme ces trois vers évoquant sa camarde :

De la rue, elle crie Yves Martin, Yves Martin
La mort doit hurler de cette façon
Quand elle rate un de ses tours.


Il faut, comme l’explique Jacques Josse dans son recueil d’hommages, « s’imprégner d’une langue inimitable et déambuler longuement, de texte en texte. Faire un détour (...) ». Lisons Josse parlant de Martin

Il répond au clochard qui lui demande s’il a fait un bon voyage que sa virée en bateau à roues sur le fleuve Mississippi restera à coup sûr l’une de ses plus belles escapades nocturnes. Un vrai rêve cotonneux, sur des eaux brassées par des courants contraires, avec de très jeunes filles en socquettes blanches accoudées au bastingage, ajoute-t-il en continuant de descendre la rue Caulaincourt d’un pas nonchalant. Il marche avec légèreté. Se dirige vers le cimetière Montmartre où il doit s’entretenir avec un cinéaste mort. Il porte la veste de chasse (munie de nombreuses àches) qu’il arborait déjà, il y a quelques mois, place Saint-Sulpice. Sa bonhomie fait plaisir à voir. Les joues rebondies et le regard vid, il avance en cognant, ventre en avant, le vent d’ouest qui s’écarte sur son passage. Le repérant par hasard, ce soir-là sur le trottoir opposé, je n’ose pas l’accoster. Peur de déranger


Dans ce recueil, il y a encore des morts de fiction, des morts inconnus, le poète Alain Malherbe, l’auteur du Diwan du piéton’’ (Le Dé bleu/Ecrits des Forges, 1989), un intéressant entretien avec Malek Abbou, issu du numéro "Jacques Josse" de la revue intermittente La Fabrique des Icebergs'', et puis nombre d’autres textes que Josse avait disséminé çà et là. Beaucoup de pages intéressantes donc danssur ce Comptoir des ombres.




Jacques Josse Comptoir des ombres. Préface de Michel Dugué. Photographies de Michel Thamin. — Brest, Les Hauts-Fonds, 108 pages, 17 €



Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/4673

Haut de page