† Jean-Pierre Sintive (1955-2021)

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Poézibao et Alain Paire nous apprennent la disparition de Jean-Pierre Sintive dans la nuit du 4 au 5 février dernier.
La nécrologie rédigée par Alain Paire est accessible sur le site de la Marseillaise, en voici les grandes lignes :

(...) Jean-Pierre Sintive était né en 1955. Jusqu’au milieu des années 1990, il exerça le métier d’instituteur à Draguignan. Il avait tiré en 1981, à 59 exemplaires, le premier livre de ses éditions, un recueil de 24 pages, à partir d’une presse Freinet entreposée dans son école. Sa passion pour la littérature l’orientait vers la micro-édition. Parmi ses modèles il y avait le typographe Guy Levis Mano (1904-1980) ainsi que l’expérience du poète Emmanuel Hocquard (1940-2019), créateur des éditions Orange-Export Ltd.
Sa vocation s’était forgée pendant l’après-1968, notamment parce qu’il avait lié amitié avec trois jeunes gens du lycée Dumont-Durville de Toulon qui devinrent éditeurs ou « entrepreneurs » du côté de l’avant-garde littéraire et artistique : Alin Avila, Emmanuel Ponsart et Jean-Pierre Boyer qui avait créé au milieu des années 1970 L’Alinea, librairie-galerie toulonnaise où furent conviés le peintre Ernest Pignon-Ernest et le poète Bernard Noël. Avec ce dernier qui fut sa référence majeure et son proche ami, Sintive édita 25 livres : des poèmes, des écrits sur l’art, des traductions, sa correspondance avec Georges Perros.
Entre 1981 et 2002, avec des exigences et un désintéressement jamais démentis, les éditions qu’il avait baptisées « Unes » publièrent 240 titres. Son plus beau succès fut la réédition de Bureau de Tabac de Fernando Pessoa. Ses vers de première page pourraient résumer sa trajectoire : « Je ne suis rien... À part ça, je porte en moi tous les rêves de ce monde ». (...)
Deux épisodes terriblement désastreux affectèrent sa ligne de vie. Le 29 mai 2002, un incendie carbonisait deux millions d’ouvrages entreposés dans un dépôt où figuraient 25 000 exemplaires de ses éditions. Le 30 juin 2010, l’inondation de la Galerie Remarque qu’il avait créée à Trans-en-Provence en 1999 avec l’artiste-peintre Stéphanie Ferrand l’avait provisoirement découragé. Avant qu’il ne quitte les vivants pendant le sommeil d’une récente nuit, son énergie était revenue, sa malédiction semblait surmontée. (...)
En février 2020, dans deux étages bourrés de livres, d’estampes et de tableaux, il avait ouvert une nouvelle galerie d’art dans le centre de Draguignan : Antoni Tapiès fut le premier peintre de sa programmation, Bram Van Velde et Magali Latil étaient prévus pour les prochains accrochages, Jean-Pierre Sintive n’avait pas capitulé. (...) A. P.



Quant à son catalogue aux couvertures d'une sobriété exemplaires, elles ont porté les noms de Paul Celan, de Roberto Juarroz et de Valente, d'Henri Michaux, de Bernard Noël et de Christian Guez-Ricord, de Bernard Lamarche-Vadel ou de Franck-André Jamme, Jean-Louis Giovannoni, Fabienne Courtade, Valérie Rouzeau, Daniel Biga ou encore feu Guy Viarre

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