Ses deux premiers recueils de poèmes ont été préfacés par Claude Pélieu et Gaston Criel, qui n'en saisirait l'intérêt ? Daniel Giraud a depuis tracé sa route, mi-beatnik, mi-rocker, délestant régulièrement ses poches au fil de sa route des papiers qui l'encombrent, sous la forme de livres. Il a, de ce point de vue, des allures de Frédéric-Jacques Temple, la guitare en plus. Il y avait le prêtre-ouvrier, il y a avec Giraud le poète-cahoteur...
des esprits endoloris
brûlent dans mes veines
s'écoulant en chavirant
mots sans mots
mettant les voiles
esprits de la nature
en êtres et en choses
en tout instant
seules les sorties
sont des secours
faudrait ne pas entrer
n'y avoir pas recours
d'ailleurs il n'y a plus
"police secours"
mais police tout court%%
Son livre le plus récent s'intitule Le Poids des nuages et, si l'on en croit "La mode du caca", il n'en a pas toujours la légèreté, lâchant sur le mode direct des vérités brutales brutalement dites, à la mode gauloise. C'est parfois son côté baston qui ressort chez le disciple de Lao Tseu, grand amateur de philosophies d'Asie... Et, au détour d'un vers, de fait, on trouve la trace de cette légèreté des nuages qui sont parfois, faut-il le préciser, un peu mélancoliques.
L'Egaré
suis-je vraiment le seul
en cet instant précis
dans la petite ville
à écrire un poème ?
Résidence d'auteur
au démon de l'oubli
un lieu triste et paumé
à huit bornes les courses
sac à dos et à pied
vignes à perte de vue
l'horreur sans auteur
sans idée morfondu
trois fois moins rétribué
de très longs mois après
au diable de l'ennui
Dan Giraud Le poids des nuages. — Toulouse, Le Contentieux (R. Roman, 7 rue des Gardénias, 31100 Toulouse), 108 pages, 10 €