Après Les Débutants, intégrés à la collection de poche en 2013, le recueil de nouvelles d'Anne Serre, loué et estampillé d'un prix Goncourt de la nouvelle l'an dernier, y fait son apparition à son tour. C'est pour une fois un choix incontestable.
En trente-trois fragments, Anne Serre y fait le portrait très anamorphique d'un être qui pourrait être elle-même, ou nous tous, chacun, par éclats de miroir cassé pourrait-on dire. Un jeu de piste, ou un portrait chinois.
C'est, à notre goût, l'un de ses livres les plus réussis, promesse évidente de réussites plus grandes encore.
Ma chemise Tolstoï
AU coeur d'un été tout en or, lentement nous glissons sur l'onde. Nous sommes sur l'étang près du village, dans une barque de pêcheurs, j'ai seize ans et rien, rien encore ne m'est jamais arrivé. Tout va commencer, tout est encore en avant. Je porte une chemise dont je suis très fière, ce doit être l'un de mes premiers achats en solitaire, elle est longue, sans col, et je la porte ceinturée, comme Tolstoï. (...)
Anne Serre Au coeur d'un été tout en or. — Paris, "Folio", 176 pages, 6,90 €