La maison Julliard au chaud au sein d'Editis a mis en oeuvre grâce au militantisme de Virginie Clayssen pour le patrimoine cumulé des catalogues anciens du groupe une "Collection permanente" destinée à rendre accessible les bons morceaux d'autrefois.
Les deux premiers titres de la collection laissent espérer d'autres merveilles, car le grand coffre de Julliard en compte...
Voici donc
Françoise d'Eaubonne Le complexe de Diane, érotisme ou féminisme (1951).
et
Vladimir Pozner Espagne, premier amour (1965)
rendus aux lecteurs. Qu'ils en fassent bon usage.
Le livre de Pozner, qui forme une paire avec son volet documentaire Un pays de barbelés, publié l'année dernière chez Claire Paulhan, revient sur son expérience dans les camps de prisonniers espagnols dont il tentait de faire élargir le plus d'individus possible. L'Humanité pouvait consacrer à ces camps le 13 mai 1939 un article sous le titre d'« À l’enfer de Collioure. Un bagne fasciste en France »... Pour diffuser un peu de son témoignage, Pozner choisit le roman et inscrivit ce dernier autour de l'axe d'une histoire d'amour : Pierre, un Français, se retrouve dans l'un de ses camps parce qu'il recherche Pilar, une Espagnole rencontrée sur les routes de l'exode.
Je notai distraitement la beauté de l'endroit : j'étais trop occupé à étudier les captifs, vêtus d'uniformes râpés de l'armée républicaine. La plupart étaient des Espagnols, les autres, des Allemands, des Yougoslavees, des Honfrois, des Polonais, et j'en passe, qui avaient vécu dans l'exil, à Paris, avant de s'engager dans les Brigades internationales : parmi eux, je pouvais retrouver des connaissances. Rien, sauf un coup de chance, ne m'assurait que je n'allais pas, quelques mois plus tard, venir leur tenir compagnie, par-delà le mur du silence, dans le ténébreux séjouir : il n'y manquait alors que les Français pour compléter cette ébauche d'une Europe imminente. (...)
Vladimir Pozner Espagne, premier amour. - Paris, Julliard, "Collection permanente", 2022.
Rappel de la couverture originale :
