L'Alamblog

Les éditions Obsidiane nous font à tous l'inestimable plaisir de rendre accessible l'un des très grands recueils de la poésie baroque avec Le Mépris de la vie et consolation contre la mort de l'inestimable Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635). Depuis sa publication originale en 1594, il aura fait couler de l'encre, des larmes, des émotions, et nourrit de ses leçons apologétiques des générations d'êtres passablement mortels... Si Nodier (1800) puis Gérard de Nerval (1830) ne l'avaient pas lu, finaux qu'ils étaient, puis remis au rang des lectures à ne pas négliger, le lirait-on encore ?
Il y a eu en 1968 la gros travail de Raymond Ortali chez Droz (Jean-Baptiste Chassignet, poète de la mort) mais voici qu'à avec la prime d'une préface de François Boddaert, vous n'avez désormais plus aucune raison de ne pas avoir connaissance de cette "longue suite de térébrantes vignettes exemplaires qui touchent souvent à la perfection". Même les plus radins.


Nous allons à la mort mais nous ny courons pas,
Et mourons tous les jours, car tous les jours s'avance
Quelque part de nostre àge, & voyons que l'enfance
Devant l'adolescence incontinant chet bas.

La debile vieillesse arrive pas à pas
Et tout ce qui fust fait avant nostre naissance,
Tout ce qui fera apres la decandence
De nos cors endormis, est aus mains du trespas.

Plus nous allons en avant, tant plus nous decroissons,
Mesme ce jour icy lequel nous franchissons
La mort avecque nous justement le partage ;

Et si ne savons pas quant elle nous attend,
Il faut donc en tous lieus attendre son outrage,
Le penser à la mort rend l'homme plus constant.

Ne vous reste plus qu'à lire Christofle de Beaujeu. Hardis !


Jean-Baptiste Chassignet Le Mépris de la vie et consolation contre la mort. Préface de François Boddaert. - Obsidiane, pages, 14 €