Oui-Oui revient !

EnidBLyton1.jpg


Amateur de romancières anglaises, François Rivière avait publié en 1982 un livre remarqué sur Enid Blyton (1897-1968), la fameuse créatrice de Oui-Oui et du Club des Cinq.
Une fameuse machine à pondre : plus de 600 ouvrages publiés, un succès phénoménal, tout juste éteint par celui, concurrent d'un binoclard nommé Harry Potter.
Rivière se trompe un peu dans sa postface inédite : ce n'est pas dans la collection "Fiction & Cie", du Seuil, que son livre parut, mais chez Ramsay dans les "Affinités électives", un nid qui leur convenait beaucoup mieux. Mais cela n'a guère d'importance : le propos est toujours aussi savoureux, aimable et après le récit des vies d'Agatha ou du père de Peter Pan, il nous manquait celle de cette infatigable imagineuse.
Tout à son exégèse enthousiaste et à sa présentation de la vie de la mère de Oui-Oui, Rivière constate cependant quelque paille dans l'acier de sa notoriété, notamment "(...) quand à la pérennité de Blyton comme maîtresse absolue de l'imaginaire ou, plus précisément, comme instigatrice de toutes les activités ludiques de notre esprit d'enfant, sorte de "cheftaine" absolue... Les temps ont changé : quelque chose s'est mis à bouger dans nos têtes et aujourd'hui d'autres démiurges, colportés anonymement par les antennes colorées de la télévision, court-circuitent bruyamment le processus mis au point par notre romancière favorite."
Avant l'irruption du dit Potter, Rivière attribuait en 1982 à quelques traits délicats de son propos et, notamment, "son absence de message" qui lui a valu la foudre tenace des moralisateurs pédagogisant, lesquels ne peuvent toutefois rien contre le charme puissant des "microsociétés" (Pierre Bannier) d'enfants fureteurs. François Rivière explique ainsi leur attrait :

Ces cinq enfants de l'histoire nous prenaient au piège de fictions simples, persuasives dans leur simplicité même, la récurrence des situations, le parti pris d'une édulcoration des situations dramatiques du roman d'aventures. Nous sortions à peine des jupes de notre gouvernante littéraire - la bonne comtesse de Ségur, née Rostopchine - et sans doute étions-nous, par rapport à la fiction, dans la disposition d'esprit des petits enfants face à l'existence quotidienne : je veux dire en proie au désir insatiable de nous mouvoir vivants dans le réel contemporain, dans une vie non pus figée par l'anecdote un peu lourde venue des zones du passé, mais ouvrant de plain-pied sur le monde tel que l'univers des adultes nous le présentait et nous faisait désirer.




François Rivière Souvenir d'Enid Blyton. - Billère (64), L'Herbe qui tremble, "D'autre part", 192 pages, 18 €

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/5658

Haut de page