Jean des Vignes Rouges (1926)

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Jean des Vignes Rouges :
Un soldat.
Un chef.
Un Ecrivain.
Mais Jean des Vignes Rouges n'est pas devenu écrivain — bien qu'il soit Fauteur de Bourru, soldat de Vauquois - parce qu'il a vécu dans les tranchées. Il n'est pas devenu écrivain parce que, officier d'état-major, il pouvait savamment composer Deviens un Chef. Il était homme de lettres avant de devenir homme de guerre. Depuis longtemps il se préparait à écrire. La guerre l'a mûri plus vite, voilà tout. Dans son désir de ne publier que des œuvres tout à fait au point, il aurait attendu longtemps encore, peut-être. La violence des spectacles qui s'offrirent à lui et l'air tumultueux qu'il respira l'obligèrent à publier des oeuvres.- Il ne pouvait plus les contenir en lui-même. Il dut, poussé par une force impérieuse, composer cette histoire de Bourru qui, a dit Edmond Rostand, est entrée « dans la légende, avec son odeur de terre et de poudre, de sang et de boue, de bataille et de labourage », cette histoire qui, du moins, n'était pas un panégyrique de l'odieuse tuerie, et ne montrait pas des « poilus » sous les traits conventionnels agréables aux cens dont l'héroïsme ne se pratiquait qu'à l'arrière.
L'Ame des Chefs, Deviens un Chef, Sous le Brassard d'Etat-Major, furent des études psychologiques, adroites, des méditations éducatrices, nourries de récits vivants, et qui n'avaient rien de commun avec des traités de sournois machiavélisme. Ce n'est pas l'art de se faire obéir que l'auteur y enseigne, mais bien l'art d'être digne de commander.
Depuis, patiemment, avec ferveur, l'auteur a élaboré d'autres livres.
Après Cent Millions, récit d'aventures, voici Rouen l'Orgueilleuse. En une langue ferme, digne du pays de Flaubert et de Maupassant, Jean des Vignes Rouges y conte une aventure provinciale, située dans la zone des cloches et des quais, la ville qui n'est pas morte, ainsi que Bruges, ma. qui a trouvé, ai/si qu'elle, son évocateur amoureux.
Et nous trouvons, en la valeur littéraire de Rouen l'Orgueilleuse, la preuve que cet écrivain n'est pas semblable à quelques-uns qui naquirent du fumier de la guerre comme des champignons monstrueux, vite grandis et vite flétris.
Paul REBOUX.

Paris-Soir, 25 mai 1926

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