René-Louis Doyon conférencier (1933)

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Conférenciers

Un conférencier obéit toujours à un idéal quelconque. Ou bien il espère secrètement convertir son auditoire à une doctrine qui lui est chère, ou bien il compte se faire une publicité intéressante pour l'avenir, ou bien encore — et celui-ci est certes le moins blâmable — il veut tout simplement faire des sous, ce qui n'est pas à dédaigner en cette période de difficultés diverses et de « mauvais rendement financier ».
Nous avons entendu à Alger, depuis le début de la saison, les plus grosses vedettes de la littérature, des sciences et des arts contemporains des sociologues éminents qui ne se faisaient aucun scrupule d'accorder des interviews en pyjama de soie, devant un cocktail servi sur une petite table très bourgeoise, dans un grand hôtel non moins luxueux ; des prêtres authentiques qui prêchaient autre chose que l'évangile, par diversion et sans doute aussi pour améliorer l'ordinaire d'un presbytère rébarbatif et parcimonieux ; des réalistes aux cheveux plats dont on a bien voulu nous affirmer, par la suite, qu'ils n'étaient que d'affreux plagiaires dont le pédantisme outré avait peine à se dissimuler derrière le masque insidieux d'une bonhomie plaisante et, enfin, toute une série de phraseurs plus ou moins doués
Samedi. M. René-Louis Doyon nous conviait à une causerie. La salle n'était, pour une fois, ni un théâtre, ni un auditorium de musique, mais un amphitéàtre, à l'Université. Le sujet ? Assez ambigu : les origines de la copia, sa formation, la famille mondiala de ce genre poétique et la transcription musicale dans la musique andalouse
«Illustrant» sa conférence de disques caractéristiques, M. Doyon essaya de prouver que la musique persane était à la base même de toutes les musiques du bassin méditerranéen et. plus particulièrement, de la musique espagnole qui alla plus tard, franchissant l'Océan, s'installer en Amérique du Sud et féconder tour à tour la Havane, le Mexique, l'Argentine et le Mexique.
Dans l'ensemble, la causerie fut fort agréable et très sincèrement édifiante, mais elle eut gagné, ce nous semble, à éviter certaines allusions d'ailleurs purement arbitraires.
S.




L'Afrique du Nord illustrée, 11 mars 1933.

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