Lié à mes chimères

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Je connais l'effet de la madeleine proustienne - certains bonbons discoïdaux roses et spongieux, violemment parfumés ou encore l'éclat visuel d'un badge sur le torse d'un passant ont pu faire lever en moi le souvenir de certains lieux. Je connais encore la sensation d'évanouissement qui saisissait l'écrivain Blecher (1) dans les terrains vagues. Et j'ai toujours ressenti les symptômes kafkaïens : fausses reconnaissances, sensations de jamais vu et tout le reste à l'avenant. J'ai aussi des impressions qui sont purement miennes, que je n'ai jamais rencontrées en littérature mais qu ej en tiens pas vraiment à décrire ici. Je désire me souvenir. Pourtant, je sais que le premier souvenir, en surgissant, m'entraînera vers la catastrophe. Je ne suis pas capable - je le sens bien - d'écrire un seul mot sur un fait objectif qui ne serait pas, d'une façon ou d'une autre, lié à mes chimères.




Mircea Cartarescu Le Rêve, romans traduits du roumain par Hélène Lenz. - Castelnau-le-Lez : Climats, 1992.


(1) Max Blecher (1909-1938), auteur d'Aventures dans l'irréalité immédiate, traduit du roumain par Marianne Sora. Préface d'Ovid Crohmalniceanu (Denoël, "Lettres nouvelles", 1973 ; Maurice Nadeau, 2015).


Illustration du billet : Draco Semlich © 2023.

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