Henriette et Augustin Hamon (1926)

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Henriette et Augustin Hamon

Si nous connaissons à Paris Bernard Shaw, c'est bien grâce aux traductions excellentes que Mme Henriette Hamon, en collaboration avec M. Augustin Hamon, en a faites. Si l'admirable esprit du grand Anglais nous fut livré pour notre joie) c'est parce que la traduction était claire, vivante, et qu'elle demeurait bien française sans rien faire perdre à l'Etranger, de sa grâce originale.
Vous avez vu Sainte Jeanne au Théâtre des Arts. Vous avez eu, j'espère, le plaisir d'entendre, à l'Odéon, Le Disciple du Diable, avant que les flonflons de la revue actuelle ne se fussent substitués aux 'délicieuses scènes du conseil de guerre, de la pendaison. Vous avez été surpris, j'en suis sûr, par l'admirable limpidité de cette langue et par l'art avec lequel les traducteurs, ont su respecter le texte primitif, en l'allégeant, en le faisant miroiter, en le préservant de cette lourdeur trop souvent commune aux transcriptions littérales.
Si je dis ! les traducteurs, c'est qu'il est impossible de séparer le travail de Mme Henriette Hamon, si experte en littérature anglaise, de celui d'Augustin Hamon, ce grand laborieux.
L'énumération seule de ses œuvres emplirait plus d'une colonne.
Breton, presque Vendéen, venu à Paris dès l'enfance, esprit calme, méditatif, curieux de toutes choses, Augustin Hamon a composé d'abord des ouvrages relatifs à la physique et à la chimie. Il a collaboré à un grand nombre de publications concernant l'hygiène. Peu à peu, il s'est élevé des idées appliquées aux idées générales. Il a collabore à l'Egalité, à la Revue Socialiste aux Archives d'Anthropologie criminelle. Il est l'auteur de cette Psychologie du militaire professionnel, dont on a tant parlé, et de cette Psychologie de l'Anarchiste socialiste, traduite en plusieurs langues.
Ses nombreux voyages lui ont permis de prendre contact avec divers peuples et de mieux comprendre les relations intereuropéennes. Il collabore à des journaux anglais, italiens, argentins, allemands.
Il expédie chaque jour, de sa main tranquille, une correspondance colossale.
On se demande comment il. peut venir à bout d'une telle production. Je vais vous en donner le secret.
Henriette et Augustin Hamon ne sont pas seulement Parisiens. Ils habitent durant une grande partie de l'année un domaine des Côtes-du-Nord.
Ah ! quel beau rêve ils réalisent là, tous les deux ! Habiter dans un beau pays, loin du boulevard ; communier dans les mêmes admirations, collaborer aux mêmes travaux, et se dire que tout ce qu'on fait servira à quelque chose.
Pourtant, ma tâche de journaliste parisien n'est pas vaine. quand se présente, comme aujourd'hui, l'occasion de rendre justice à deux lettrés de grande classe et à deux éminents travailleurs.
Paul Reboux




Paris-Soir, 3 juin 1926

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