Comme l'ennui peut mener une jeune femme au Prix du roman d'aventures (1933)

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Pseudonyme de Simone Charlotte, Dobigny, épouse d'Hugues Pelletier de CHambure, Simone d'Erigny obtenir le Prix du roman d'aventures en 1933.
Elle était née le 5 juin 1907 (Paris, Ve) et disparaîtra, longtemps plus tard, à Vichy, le 20 décembre 1983.
Elle ne fit pas oeuvre si elle fit prix.
Rappel des faits.

Comment l'ennui peut mener une jeune femme au prix du Roman d'Aventures

Hier, fut. décerné — ou, plus exactement, attribué — le prix du roman d'aventures.
Car il était déjà décerné, nous l'avons laissé entendre, depuis quelque temps.
Ce qui permit à l'éditeur, fondaleur du prix, l'habille et malin M. Albert Pigasse, d'éditer le livre entretemps et d'avoir pris ses pnéicautions pour qu'il fût aux étalages des li-

braires à l'heure même où paraîlront ces lignes.

Ce qui est infiniment plus pratiqu pour l'auteur comme pour l'éditeur.% A midi et demi donc, dans un restaurant de la place Saint-Michel, on nous annonça officiellement que le prix, pour 1933, était décerné à Mme Simone d'Erigny pour son roman policier : L'Etrange volonté du professeur Lorrain.
Le prix — dix mille francs, oui, madame - fut décerné à l'unanimité des voix moins une.
Moins une qui se porta sur ie nom de M. René Pujol.
Cette voix discordante et obstinée est-elle celle de Pierre Benoit, président, ou celle de René Bizet, de Frédéric Boutet, de Francis Carco, de Pierre MacOrlan, de Gus Bofa, de

Constantin-Weyer, de Léon Deffoux, de Kessel ou d'Emile Zavie ?

Mystère. Mais il faut bien du mystère, n'est-ce pas, quand on couronne un roman policier ?
Toujours est-il qu'il n'y eut qu'une seule fausse note dans cette cantate à la gloire d'une jeune femme de vingt-cinq ans.
Car Mme Simone d'Erigny à vingt-cinq ans. Et elle est charmante. Cheveux coupés, retroussés sous une petite toque bleue, robe bleue, manches à gigot, l'air sportif à la fois et ingénue
Elle arriva vers une heure et quart, pour être la proie des photographes.
Mme Simone d'Erigny aime le sport, mais elle préfère le sport qui touche à l'aventure : les longues randonnées à cheval, les voyages, l'avion.
Elle se plut même à sauter en parachute pour le seul plaisir d'une émotion nouvelle.
Née à Paris, eélo habite peu Paris. Mariée, et mère d'une petite fille qui lui ressemble - c'est dire qu'elle est charmante - elle vécut deux ans en Belgique et deux ans au Sénégal.
— Et votre livre ?
— Mon livre, je l'ai écrit là-bas, à Dakar. Comment me vint l'idée de l'écrire ? Parce que je m'ennuyais. Je m'ennuyais terriblennent là-bas. Alors, comme j'ai énormément

d'imagination.

— Mes félicitations !
— Merci, vous être très aimable. Alors, n'est-ce pas, j'ai écrit ce rolan, comme ça, pour le plaisir.
— Vous continuerez ?
— Bien sûr ! Maintenant que j'ai un prix, ça me donne envie de continuer.
— Dans le même genre ?
— Ça... Des romans, oui. Car je ne suis pas poète. Pas du tout. Mais je préférerais écrire des romans psychologiques que des romans policiers. Je me sens plutôt attirée vers ça. Le roman policier, ce n'est pas exactement mon genre.
— Et vous repartez ?
— Dans huit jours, pour Madagascar.
— Où vous écrirez un nouveau roman ?
— Bien sûr...
— Eh bien, si, cette fois, c'est un roman psychologique, je vous souhaite, madame, le prix Goncourt.
***
L'Etrange Volonté du professeur Lorrain n'est, d'ailleurs pas un roman d'où la psychologie est absente.
Une histoire de clinicien, de domination sur la volonté d'autrui, de crime.
Mais résumer un roman policier, c'est toujours quelque peu le trahir.
Et je ne veux point jouer les traîtres, en cette aventure de prix, pour ce prix d'aventures...
P. L.

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