Maximilien Vox (1926)

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Maximilien Vox
Le jury des bourses Blumenthal composé d'écrivains, de décorateurs, d'architectes de première zone, tels que Jean-Louis Vaudoyer, Jean Dunand, René Kieffer, Jaulmes, Metman, Dufrêne, Pontrémoli, vient d'élire, au premier tour, M. Maximilien Vox.
Excellent choix.
Si jamais vous avez pénétré dans les coulisses du bon éditeur Bernard Grasset, vous avez pu y voir, penché sur sa table, parmi des flacons d'encre de Chine et de gouache, un jeune homme gai, ardent, passionné pour l'art décoratif, spirituel, ingénieux, qu'on souffre de voir enfermé dans cette petite pièce ; - mais lui, il s'y comptait voluptueusement, car il pratique là une des recherches qu'il préfère : imaginer des couvertures pour les volumes édités par la Maison.
Ces couvertures, regardez-les. Elles ont un air de famille. Et, pourtant, toutes sont dissemblables. Le choix et la disposition des caractères, la couleur, la proportion des vides, les ornements qui les illustrent, donnent aux ouvrages de chez Grasset une personnalité savoureuse.
Ça « tape », comme disent en leur jargon imagé les gens du métier.
Et pourtant, ces couvertures conservent une harmonieuse discrétion. Elles sont visibles à l'étaage parmi les autres ouvrages habillés de jaune ou de beige, et présentés en uniforme sempiternel par des éditeurs routiniers.
Ces œuvres, aussi visibles que des petites affiches, ne semblent néanmoins pas dépaysées sur la table d'un bibliophile ou dans un salon.
C'est en regardant les livres anciens et la typographie réalisés vers la fin du quinzième siècle que Maximilien Vox a compris tout le prix qu'on pouvait tirer encore de la gravure sur bois. Il juge que les plus belles trouvailles des décorateurs typographiques ont été faites dans les cinquante années qui suivirent l'invention de Gutenberg, et que la mécanique, en diminuant les difficultés, a stérilisé les trouvailles.
Sans doute y a-t-il une audace un peu inquiétante, dans une doctrine par l'effet de laquelle nous sommes ramenés si loin en arrière.
Il ne faudrait pas que ce goût du passé nous influençât démesurément. Mais Maximilien Vox a le droit de l'exprimer. Ses œuvres excellentes ne sont pas seulement d'autrefois : elles sont nettement, audacieusement et harmonieusement d'aujourd'hui.
Paul Reboux


Paris-Soir, 2 juillet 1926.

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