Plein de vide

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Claire Dumay appartient à cette catégorie d'écrivains qui s'en tient à ce qu'ils connaissent, et le chroniquent. Des écrivains de l'intimité, pourrait-on dire, le plus souvent. Après avoir observé son corps, par exemple, c'est le progressif effacement de son père qu'elle observe avec douleur et consternation, et elle le dit simplement, sans recherche d'effets littéraires qui ne seraient probablement pas adaptés (même si, il est vrai, on en a eu lus chez des zauteurs plus notoires...).
Au détour d'une phrase, cette perception de ce qui rend tragique le destin de l'être humain : son envahissement par le vide... Une imprégnation qui peut commencer bien avant le déclin d'ailleurs. Et l'audition du Requiem de Campra n'y peut rien.

La douleur, je sais que mon père n'a plus assez de mémoire ni de mots pour la dire. Sans arrêt, il faut déduire, tâtonner, cerner, deviner. Ce sont les autres désormais qui péniblement réparent, suturent une peau de langage de plus en plus indigente. Nous le traquons, le débordons en permanence. Le vide a déferlé, pris toute la place.




Claire Dumay Il faut que je te parle. - Le Thor, Editions des Rues et des Bois, 77 pages, 14 €

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