Charles-Auguste Bontemps (1926)

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Charles-Auguste Bontemps

Il est, dans le centre de la France, sur la limite de la Bourgogne et du Morvan, une petite ville aux maisons modestes, qui, fournit à chaque génération un homme de premier plan, d'un type unique, toujours semblable et dont il est aisé de reconnaître l'origine. Je veux parler de Clamecy...
Claude Tillier, Jules Renard et parmi nous Romain Rolland, pour ne citer que les plus célèbres, sont Clamecycois. Tous les trois ont vécu en isolés, exempts de toute vénalité ; tous les trois au-dessus de la mêlée, n'ont consenti d'écrire qu'avec utilité. Logiciens et pamphlétaires, ironistes jusqu'au sarcasme, ils ont toujours eu le souci de l'ordre, et, un sens de la vie terrienne, où la bonne humeur est riche, et l'esprit critique sans faiblesse. Le raisonneur jamais chez eux ne dessécha le poète, et vivace est leur dédain d'un intellectualisme qui s'éloigne de la vie, au lieu d'y puiser l'indispensable sève. Tel est Charles-Auguste Bontemps, Clamecycois.
Orateur et conférencier, Charles-Auguste Bontemps fait, d'une verve dépouillée d'artifices, la guerre aux préjugés. Incisif, riche d'arguments et d'idées, il sait persuader, et, dans une période exaltée et nourrie, confond l'adversaire.
Chroniqueur et essayiste, il fait souvent songer aux publicistes du dix-huitième siècle. Sa phrase est nue, mordante, sa langue souple raille ou séduit, va de l'analyse la plus sûre au rythme le plus éloquent, et sait aboutir aux définitions claires.
Il a retenu l'attention par ses interventions au Club du Faubourg et à diverses tribunes, par ses nombreuses collaborations et chroniques. Il nous a donné, pour ses débuts, des poèmes : Du Soleil sur la Routg, Ba-Ta-Clan, pamphlet où sont déshabillés quelques fantoches. Enfin, cette année même, aux Editions de l'Epi, Ton Cœur et ta Chair, essai et satire à la fois sur l'Amour et le Mariage à travers les âges.
Ainsi, loin de toute chapelle, Charles-Auguste Bontemps, au gré de son humeur, la trentaine à peine dépassée, prouve déjà la singulière et savoureuse continuité du type-des Bourguignons de Clamecy.

Stéphane Manier



Paris-Soir, 29 juillet 1926.

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