Pour faire suite au propos de René-Louis Doyon, nous avons retrouvé chez Victor Euphémion Philarète Chasles (1798-1873), éminent critique du XIXe siècle et parfait pourvoyeur en littératures étrangères (anglaise et allemande principalement), et grâce à Claude Pichois, biographe du dit Chasles (1), une première occurence de la "littérature industrielle". Nul doute qu'il en existe d'autres. La quête continue, mais voici toujours les mots du sieur Philarète :
"Un bon littérature industriel ne doit rien dédaigner; tout ce qui doit être imprimé est de son ressort ; il n'a pas de genre ou plutôt il les a tous. Il travaillera le Manuel du Maçon avec le même zèle et le même enthousiasme que le Dithyrambe sur les Grecs. Il faut qu'au premier mot de son libraire il puisse lui fournir, dans un délai raisonnable, des vers et de la prose, un traité d'agriculture ou un roman de moeurs, un manuel de physique ou une brochure sur les trois pour cent ; une satire sur M. de Villèle ou sur les jésuites : enfin, de tout ce qui se trouve à l'ordre du jour. Mais c'est surtout du résumé qu'il doit s'occuper ; il n'en saurait trop faire."
Cette citation est extraite du Frondeur, organe du groupe rassemblé autour d'Etienne de Jouy, dont Chasles fut le secrétaire. Le journal fut créé le 1er août 1825. L'article de Chasles, intitulé "Moeurs littéraires", parut en deux parties dans les livraisons des 25 septembre et 25 octobre 1825.
(1) Claude Pichois, « Philarète Chasles, Chateaubriand et le discours de réception à l’Académie », Revue d’histoire littéraire de la France, n° 3, juillet-septembre 1952, pp. 274-287.
— « Philarète Chasles découvre l’Angleterre, 1817-1818 », Revue de littérature comparée, vol. 29, n° 1, janvier-mars 1955, pp. 36-47.
— « Les Vrais ″Mémoires″ de Philarète Chasles », La Revue des sciences humaines, janvier-mars 1956, pp. 71-97.
— Philarète Chasles et la vie littéraire au temps du romantisme. – Paris, Librairie José Corti, 1965. 2 vol.
1 De caboteur -
Pour les ceusses qui ne possèdent pas le N° de la RHLF de juillet-septembre 1952, peux-tu nous dire si Philarète visait expressément Chateaubriand dans le texte incriminé, vu que le grand écrivain avait publié de nombreux articles (nous les possédons !) sur le trois pour cent et sur son ancien président du conseil Villèle. Merci d'éclairer notre érudition bien défaillante
salut et fraternité
2 De Eric Dussert -
Malheureusement, je n'ai plus cette livraison en main... un certain W pourrait peut-être accéder à l'information ?