Ce que ne dit pas cette couverture rouge mal reproduite à l'écran (le scan, le scan), c'est l'intérêt du sujet de ce livre, des lettres et des notes qui le composent.
Non, une couverture, en général, ne dit pas tout ça.
Personnellement, j'y aurais mis les noms de Pascal Pia et de Franz Hellens plus gros, ainsi que celui de René Fayt, qui n'est pas pour rien dans la publication, comme vous allez voir.
Ce livre — pour aller à l'essentiel dans l'espace d'un billet de blog (pas de tirade) — nous offre un aperçu direct, c'est-à-dire sans fard, sur une figure cardinale des années 1920-1960 : Pascal Pia.
Certes, les chroniques dudit Pia avaient paru (sans autre succès que d'estime) chez Fayard, en deux volumes point exhaustifs tout au moins synthétiques et... Et pas grand chose. Or Pascal Pia, que l'on se le dise, est probablement l'une des plus importantes personnalités de la littérature française du XXe siècle, un homme-jalon, un relais, une passerelle, comme en témoignent nettement les lettres réunies ici où, d'un net entregent, il convoque ses amis et les écrivains de sa connaissance.
Et pour preuve, ses lettres au fondateur de la (fameuse) revue Le Disque vert, Franz Hellens, autre personnalité des lettres du siècle dernier — qui n'a lu Oeil-de-Dieu ne comprendra pas un mot de ce que je raconte, mais tant pis — pêchent en leur filet les noms de Max Jacob, Odilon-Jean Périer, Eddy du Perron, Fernand Fleuret, Pierre Albert-Birot, Pierre Morhange, Mélot du Dy, René Purnal, Marcel Sauvage, René Edme, Florent Fels, André Malraux, Henri Michaux, toutes personnalités d'importance, plus ou moins. N'empêche.
On y découvre aussi, ce que l'on ignorait tout à fait, le caractère volontaire de Pascal Pia dans ses toutes jeunes années. Il est actif, il est rebondissant, c'est un ressort.
Tout comme il sera un ressort, plus tard, pour la littérature française du siècle dernier. Et un astucieux éditeur de grivoiseries, de faux et autres coquineries variées (son Baudelaire, A une courtisane, vaut encore son pesant de caractères en plomb, qu'en bien même il ne figure pas dans la Pléiade qui l'avait d'abord, en 1941, intégré au corpus du Poète).
Mais je me répète.
Ajoutons pour être objectif le caractère généreux et efficace de l'excellentissime travail de René Fayt. On ne saurait assez louer l'art d'un annotateur qui sait annoter et nous permet de savoir où Pia trouva à s'employer dans les années, comment il offrit à Michaux, par l'entremise de Paulhan, de trouver du travail, etc.
René Fayt, bibliophile d'expérience, est celui qui pose the right note at the right place : un art subtil, exigeant, une mission sacrée réservée à l'élite de la bibliographie.
Chapeau.
Pour conclure, si vous voulez briller pour de bon en société, lisez Pia, lisez Hellens, lisez Fayt.
On ne peut pas vous dire mieux.
Pascal PIA Au temps du Disque vert. Lettres à Franz Hellens (1922-1934). Textes réunis et présentés par René Fayt. — Paris, IMEC éditions, 111 p., 20 €
1 De gécé -
Pour les amateurs curieux, on peut toujours essayer de trouver (?) un exemplaire de "Le dernier Disque Vert ; hommage à Franz Hellens" (330 pages), paru en 1957 chez Albin Michel avec une préface de jean Paulhan et des dizaines de participants : Ponge, Vialatte, Delteil, Kanters, Goffin, Char, Tortel, PLisnier, Michaux,...
2 De fornax -
C'est pertinent, une couverture rouge pour un disque vert. Ça met en relief par le jeu des couleurs complémentaires... Pour le reste, à l'intérieur, il doit y avoir plein de petites taches noires sur le fond blanc du papier... pfff... toujours la même chose... lassant... lassant...
cls
3 De Du poil aux genoux -
Le beau livre de Roger Grenier dans la collection L'un et l'autre :"Pascal Pia ou le droit au néant" dit bien le rôle capital de P.P.