Déclaration d'intention de Fanette Mellier (qui ne se souvient pas de son travail sur la Main de Singe ?)
Dans le cadre de ma résidence de graphisme à Chaumont, j'ai souhaité expérimenter autour des rapports entre graphisme et littérature, j'ai donc invité 5 auteurs littéraires à écrire un texte afin d'en faire la mise en forme, dans un souci de mise en abîme de la lecture.
Bastard Battle est le deuxième livre issu de ce projet, c'est une fiction littéraire ambitieuse dont l'action se situe au Moyen-âge à Chaumont. Il est inspiré de faits réels, et l'écriture est une hybridation hallucinante entre ancien français et littérature manga. Quand je me suis attelée à la mise en forme de ce texte étonnant, je me suis posée la question des références historiques et culturelles inhérentes au texte. Je n'ai pas voulu aller vers une mise en forme ultra-référencée, car cela aurait été trop redondant avec le texte et par là-même réducteur pour le livre. Sans vouloir ignorer ces références, c'est la dimension "d'ovni" littéraire, et l'énergie hallucinante qui s'en dégage, qui m'ont intéressée.
J'ai donc fait une mise en page "standard", à la manière d'un livre de poche (petit format, police par défaut, papier offset bouffant, etc). À partir de ce canevas basique, j'ai travaillé chaque double-page dans l'idée que le texte était "possédé", "incarné", en intervenant graphiquement sur la matière typographique, toujours à partir du centre des doubles-pages, du cœur du livre... Ce texte, dont le noir est formé par la surimpression de 3 tons directs (rose, jaune, bleu), subit des mutations qui suivent le rythme du récit, et vont crescendo jusqu'à la bataille finale. Les interventions ne sont pas systématiques: fluides, diffuses ou violents, elles semblent émerger du texte lui-même, et entrent en lutte avec la structure "par défaut" de la mise en page.
Déclaration de l'auteur, Céline Minard, heureuse, j'imagine, de voir ses estomaquantes imaginations maquillées à souhait :
Cette fiction a pour tremplin une époque et une ville réelles (le XVe siècle à Chaumont) ainsi que des faits historiques reconstitués. La mort du chef écorcheur surnommé Bar-sur-Aube en serait le point de condensation. Le fond sonore et scripturaire est celui des poètes et des coquillards des environs de 1430.
Sur les traces de Marcel Schwob, en tendant vers la violence chorégraphique du manga contemporain le plus épuré, dans une sorte de tension entre deux époques apparemment opposées (le moyen âge tardif et les années 2000), la fiction a pour thème principal les guerres de clans (les Vergy vs les Châteauvillain, via leurs alliances avec le duc de Bourgogne ou le chancelant roi de France Charles VII) et les républiques ou tyrannies à tendance anarchique brièvement instaurées par des aventuriers sanguinaires. L’idée générale est de confronter, mettre en guerre, à la fois les styles narratifs mais aussi les styles graphiques dominants des deux époques en jeu. Ou, plus précisément, de travailler (déplacer) la matière et la langue moyenâgeuse au moyen des outils formels et lexicaux de la modernité.
1 De fanettem -
Cher Préfet Maritime,
Merci de relayer l'info de la sortie de Bastard Battle. Je tenais à préciser qu'il n'y a absolument nulle compétition entre les 2 éditions du livres, qui sont successives et complémentaires, nous en faisons la promo de concert, pour un intérêt, nous l'espérons, redoublé! D'ailleurs, Laure Limongi est l'auteur du prochain "livre bizarre" qui sortira dans le cadre de mon projet de résidence...
Fanette
2 De Le Préfet maritime -
C'est bien ce que nous entendions.
De conserve ! de conserve !