Pierre Mac Orlan enfin préfacé par Sylvain Goudemare

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Voilà, ça y est, Pierre Mac Orlan est enfin préfacé par Sylvain Goudemare.
On aurait pu s'y attendre et nous avons eu la chance de ne rien savoir de la préparation du volume replet pour en avoir toute la surprise. Pensez, nous lisons ou relisons les cinq premiers romans de Pierre Mac Orlan sans en avoir eu vraiment l'intention. C'est, en quelque sorte, la meilleure des lectures, la gourmande.
Réunis, La Maison du retour écoeurant, Le Rire jaune, La Clique du café Brebis, La Bête conquérante, Le Nègre Léonard et Maître Jean Mullin ont tout pour séduire les lecteurs les plus divers.
Outre les amateurs du vrai roman d'aventures, adeptes de Stevenson, Schwob, Kipling, Defoe et consorts, ceux qui savent (osent) se délecter du nonsense acrobatique — on pense parfois à Francis de Miomandre dans l'exercice du fantasque retour écoeurant — ont là tout ce qui leur faut pour dérouler des heures d'enthousiasme.
Les autres n'ont qu'à lire le prochain Christine Angot et se bourrer d'anxiolytiques.

Car, encore une fois, il ne faut pas perdre de vue que l'aventure est insaisissable et qu'elle n'existe que dans l'imagination de celui qui la convoite. C'est une dame infiniment rouée, passagère de ces beaux navires, comme le Hollandais volant, dont la présence invisible sur toutes les mers fait, du plus médiocre de tous les matelots, un personnage aussi merveilleux que le vieux marin de la ballade de Coleridge.



Au terme de notre plongée MacOrlanesque, deux choses nous frappent : nous consommons généralement trop de cachets et nous sommes pâles.
Nos appétits de surprises nous poussent à considérer la technologie et, plus généralement, la production industrielle comme une panacée capable d'étancher nos soifs, les dignes et respectables soifs de nos aspirations d'êtres vivants. Quelle myopie sordide... Les colonies, quoi qu'on puisse en penser par ailleurs et avec raison, avaient sur l'imagination un effet plus bénéfique. L'aventure était au port et les promesses de soleil, de risque et de découvertes poussaient les petits Blancs à s'engager dans la Légion sur la seule foi du Journal des Voyages... Les congayes existaient pour de vrai.
Quelles richesses que l'espérance et la curiosité !
Confortablement installé sur notre île nous avons beau jeu de sortir la carte de l'exotisme, n'empêche : nul industriel ne vend son sucre alimentaire ici, les bananiers ne sont pas éclairés au néon et nulle boutique, nulle échoppe ne diffuse de musique décérébrante. La simplicité à laquelle l'Occident semble promis à moyen terme nous est naturelle, elle est même de mise au même titre que la marche et la sieste ; les étendues glacées, les pays d'ailleurs nous sont des mirages exaltants. Pouvez-vous en dire autant ?
Bref, l'équivalent d'un Quarto Mac Orlan vient de paraître aux éditions Sillage. Qu'on se le dise.



Pierre Mac Orlan Le Rire jaune et autres textes. Editions établie et présentée par Master Sylvain Goudemare. — Paris, Sillage, 415 p., 22,50 euros

Les épatantes éditions Sillage, qui ne cessent de nous épater, il faut le dire, font paraître dans la foulée "Le Maire de Casterbridge" de Thomas Hardy, "Dimitri Roudine" de Tourguéniev et "Senso" de Camillo Boito. Energique, non ?


Editions Sillage
90, rue Cambronne
75015 Paris

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