Gloire au hareng saur (bis)

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Fournie par Eric Walbecq la suite des aventures littéraires du hareng saur.

Ici, postérieur à ceux de la Revue comique (1871) et de Charles Cros (1872-1873), celui de Huysmans (1874 apparemment).

Comme on peut donc le constater, dans le hareng saur tout est bon.
la preuve : James Ensor (1891), Toulouse-Lautrec (circa 1895-1896)

Le hareng saur


Ta robe, ô hareng, c'est la palette des soleils couchants, la patine du vieux cuivre, le ton d'or bruni des cuirs de Cordoue, les teintes de santal et de safran des feuillages d'automne !

Ta tête, ô hareng, flamboie comme un casque d'or, et l'on dirait de tes yeux des clous noirs plantés dans des cercles de cuivre !

Toutes les nuances tristes et mornes, toutes les nuances rayonnantes et gaies amortissent et illuminent tour à tour ta robe d'écailles.

A côté des bitumes, des terres de Judée et de Cassel, des ombres brûlées et des verts de Scheele, des bruns Van Dyck et des bronzes florentins, des teintes de rouille et de feuille morte, resplendissent, de tout leur éclat, les ors verdis, les ambres jaunes, les orpins, les ocres de rhu, les chromes, les oranges de mars !

Ô miroitant et terne enfumé, quand je contemple ta cotte de mailles, je pense aux tableaux de Rembrandt, je revois ses têtes superbes, ses chairs ensoleillées, ses scintil- lements de bijoux sur le velours noir ; je revois ses jets de lumière dans la nuit, ses traînées de poudre d'or dans l'ombre, ses éclosions de soleils sous les noirs arceaux !

Joris-Karl Huysmans

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