Les archives de la vie littéraire sous l'Occupation

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Une énorme exposition vient d'ouvrir ses portes à l'hôtel de ville de Paris : Archives de la vie littéraire sous l'Occupation.

850 pièces issues de cent fonds d'auteurs déposés à l'IMEC composent ce panorama inédit - les précédentes éditions de l'exposition présentée notamment à New York sont désormais dépassées...

On peut y découvrir jusqu'aux chutes de papier peint sur lesquelles Jacques Audiberti rédigea Monorail - son père, maçon à Antibes, lui avait procuré ce rare papier, reliquat de chantiers -, les "Stalag" du poète Gaston Criel alors prisonnier, etc. etc.

C'est le plus riche ensemble sur la période qui ait jamais été montré. Et gracieusement encore !

A ne pas rater, évidemment.

A cette occasion, Tallandier publie un catalogue ébouriffant très illustré dont voici les références :

Robert Owen Paxton, Olivier Corpet et Claire Paulhan Archives de la vie littéraire sous l'Occupation. Exposition, Paris, Hôtel de Ville, 11 mai au 9 juillet 2011. Paris, Tallandier, coll. "Albums illustrés", relié et très illustré en noir et en couleurs, 446 pages, 39,90 €

Pour lire le dossier de presse, voir ci-dessous

Topographie de l'exposition

Dans la salle des Prévôts, le visiteur pourra découvrir une mise en scène des faits historiques par le biais de « unes » de journaux d’époque, d’une bibliothèque de revues littéraires de tous bords, et d’actualités littéraires filmées. On peut également y visionner deux films documentaires de Michel VanZèle sur les écrivains et les journalistes sous l’Occupation.

Dans la salle des Tapisseries, une véritable « mer d’archives » est exposée dans des vitrines. Un grand plan de Paris permet de situer les lieux fréquentés par les acteurs des métiers du livre (éditeurs, libraires, imprimeurs,journalistes, intellectuels) à l'époque, et les adresses des organismes nazis chargés de les contrôler et de les censurer…

Le parcours et les diffèrents thèmes abordés

« La « Drôle de guerre » des écrivains», « L’exode et l'armistice »
L’Armistice divise la France en deux principales zones, séparées par une Ligne de Démarcation : au nord, le territoire sous administration militaire allemande ; au sud, le territoire où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy, jusqu’à l’invasion allemande de novembre1942

La France de Vichy
Le vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain par l’Assemblée, le 10 juillet 1940,permet la mise en place d’un nouveau régime, l’État français. Il s’agit de « réparer les ruines », de promouvoir le « retour à la terre », de reprendre en main les jeunes, de bâillonner la presse.

L’édition française sous la férule nazie
Une première liste de livres interdits à la vente en zone Nord par les autoritésallemandes paraît en août 1940. C’est la « liste Bernhard ». Elle est suivie par uneautre liste, la « liste Otto », qui est diffusée dès début octobre 1940 par le Syndicatdes Éditeurs et définit les conditions dans lesquelles ceux-ci peuvent reprendre leuractivité en zone occupée.Une deuxième « liste Otto » voit le jour en juillet 1942, puis une troisième détaillant les « ouvrages littéraires non désirables en France », en mai 1943, suivie d’une listede 739 « écrivains juifs de langue française ».

Séductions de la collaboration
Après avoir rencontré le Führer à Montoire, le maréchal Pétain annonce, le 30 octobre 1940, que la France entre « dans la voie de la Collaboration ».Certains écrivains, inspirés par les traditions conservatrices françaises autant que par leur haine de la Troisième République, du Front populaire et du communisme, y voient une nécessité pragmatique. D’autres, des idéologues qui profitent des subsides et des mondanités nazies, appellent de leurs voeux une France national socialiste et accusent volontiers le gouvernement de Vichy d’adopter une attitude timorée face à l’ambition européenne que prône Hitler.

Faits prisonniers
De nombreux écrivains prisonniers tentent plutôt de s’adapter à la situation enmaintenant une vie intellectuelle dans les camps : conférences, cours d’universitaires, cercles, bibliothèques, impression de revues, de brochures, mais aussi chorales, orchestres, représentations théâtrales, fêtes et expositions…

Oser résister
Dès juin 1940, les écrivains qui fondent « Les Amis d’Alain-Fournier » forment la première organisation de Résistance littéraire.

Persécutés et déportés
Le 3 octobre 1940, une loi portant statut des Juifs français est votée : elle définit la« personne juive » et lui interdit l'exercice des fonctions publiques, de mandats, des professions libérales, intellectuelles et dirigeantes. Des professeurs sont alors révoqués ; des intellectuels doivent abandonner leur métier dans la presse et l’édition, renoncer à être publiés, se résoudre à partir…

Solidarités internationales
De nombreux intellectuels se rendent en Angleterre où, avec les membres de la France libre, autour du Général de Gaulle, ils organisent, entre autres, des émissions sur les ondes de la BBC, des parachutages de tracts et d’éditions miniaturisées. D’autres choisissent les États-Unis. Au Canada, les éditeurs francophones prennent le relais de leurs collègues français censurés. En Amérique du Sud enfin, en particulier en Argentine, la solidarité envers les écrivains français se traduit par des colis de vivres et de vêtements qu’envoient Victoria Ocampo et Gisèle Freund à leur amie parisienne, la libraire Adrienne Monnier, qui les redistribue.

La Libération
À partir de juillet 1944, les armées alliées libèrent peu à peu les camps deconcentration et d’extermination : leur progression sur tout l’ancien territoire du Reichjusqu’en avril 1945 révèle au grand jour les atrocités et l’ampleur de la « Solutionfinale » mise en oeuvre par les Nazis.

L’épuration dans les lettres
Les Cours spéciales de justice sont instaurées le 15 septembre 1944 pour présider à l’Épuration de la société française. Mais pour le milieu intellectuel, c’est le Comité national des Écrivains (CNÉ) qui devient bientôt la seule instance de justice. Le Parti communiste, renforcé par son grand rôle dans la Résistance, est majoritaire au sein du CNÉ et mène durement l’Épuration dans les Lettres, multipliant dès septembre1944 les « listes noires » d’écrivains collaborateurs. Robert Brasillach est fusillé ; Lucien Rebatet et Henri Béraud sont condamnés à mort, puis leur peine est commuée en travaux forcés. Pierre Drieu La Rochelle se suicide en mars 1945. Entretemps, l’Épuration dans les Lettres aura suscité une très vive polémique : d’un côté, Louis Aragon, Vercors, Claude Morgan, Les Lettres françaises et le CNÉ ; de l’autre, Jean Paulhan qui, avec sa "Lettre aux Directeurs de la Résistance", jette un pavé dans la mare de la bonne conscience des Résistants, devenus à ses yeux à la fois « juges et mouchards ».


Informations pratiques
Hôtel de Ville de Paris
Accès par le parvis de l'Hôtel de Ville (M° Hôtel de Ville)
Du mercredi 11 mai 2011 au samedi 9 juillet 2011 inclus.
Tous les jours, sauf les dimanches, jours fériés et jours de cession du Conseil de Paris (les 16 mai, 17 mai, 20 juin et 21 juin 2011) Horaires : 10h00 à 19h00, dernier accès à 18h30
Entrée libre

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