Dans son nouvel opus, Liscorno, Jacques Josse, l'auteur de la belle ''Lettre à Hrabal'' et de ''Cloué au port'' donne l'adresse de la soupente où tout a été consommé. En Bretagne intérieure et non sur la côte, ce descendant de marin a vogué dès l'âge conscient dans une mer de pages, et en particulier de vers, où les écrivains chers à son cœur ont laissé leur empreinte. Ceux de la Beat generation, et Jack London évidemment, et puis le local de l'étape, l'incontournable Tristan Corbière, avec Armand Robin et même Paul Celan, Yves Martin, le marin des cinémas parisiens, et le querelleur Jean Genet.
Ce livre est également le prétexte ou l'occasion d'évoquer ses proches et ces figures plus ou moins hors-barrière qui déroulaient leur vie près de lui, lui qui imaginait la mer à quelques kilomètres de là quand la tempête roulait au-dessus de sa tête.
Froid, mort et solitude tissaient des liens secrets dans ma soupente. Des poètes apparaissaient sous la couverture glacée d'une collection de poche avec leurs visages colorés qui formaient bandeau et galerie de portraits très inspirés. Je les alignais sur une planche. Corbière avait des petits frères à gueule de tanche.
Apologie de la lecture, du voyage et du peuple des vivants, ce livre est tout empathie. Il est aussi apologie de ce don des dieux aux Hommes : les livres.
Jacques Josse Liscorno - Apogée, 96 pages, 12 €
1 De Ponsard -
Dommage de parler de Josse sans rappeler qu'une bonne partie de ses livres sont publiés à La Digitale, excellente officine bretone, qui sait encore ce que typographie veut dire.
2 De Le Préfet maritime -
C'est exact ! La Digitale !