Journalisme naturel

SaiGalerieBerst.jpg


Dino Buzzatti dans son merveilleux Secret du Bosco vecchio (1935) rapporte ce qu'il en est du journalisme naturel. C'est peut être le vent Evaristo qui l'a inventé.

Le vent Evaristo, nouveau seigneur de la vallée, arrivait en effet. Et comme Matteo préférait, bien entendu, éviter une rencontre, il s'enfouggra tout au fond de la Valle Secca, qu'il avait choisire désormais comme demeure.
Evaristo apportait au Bosco Vecchio le "Bulletin de renseignements". il faut savoir que le vent avait institué ce service depuis quelques jours à peine, à l'entière satisfaction des arbres, des animaux et des montagnes. Usant de critères indiscutablement pratiques et modernes, Evaristo recueillait (avec l'aide de vents mineurs qui agissaient pour son service dans les vallées latérales) tous les renseignements sur les faits les plus caractéristiques survenus dans la région. Il les diffusait ensuite, toujours au moyen des petits vents, ses vassaux. En substance, il n'avait guère à se fatiguer, mais le "Bulletin" trouvait grâce, à n'en pas douter, aux yeux de tous. De temps à autres, comme justement ce jour-là, Evaristo secouait sa paresse et s'en allait communiquer personnellement les nouvelles.
Évidemment, il réservait surtout cette faveur à la Valle Secca, bien qu'elle fût fréquentée par Matteo, afin de mieux affirmer encore sa prépondérance sur celui-ci, et son prestige. Matteo adoptait de son côté, il nous faut le reconnaître, une attitude très digne. Et jamais nul ne l'entendit proférer la moindre critique ou la moindre médisance à l'encontre d'Evariste.
"Bulletin de renseignements ! Bulletin de renseignements !" sifflait Evaristo en se glissant sur les confins du Bosco Vecchio. Et des myriades d'oiseaux de toutes les tailles se réunissaient sur les arbres avoisinants pour l'écouter.




Epuisé quelque temps, le volume de la collection "Pavillons poche" (Laffont) reparaît en juin prochain.


Dino Buzzatti Barnabo des montagnes, suivi du Secret du Bosco Vecchio, traduit de l'italien par Michel Breitman. Préface de Marcel Brion. - Paris, Laffont, "Pavillon poche", 328 pages, 8,90 €



Illustration du billet : Yuichi Saito, Galerie Christian Berst.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/3490

Haut de page