L'Alamblog

Sous une très belle couverture, un parfait livre d'été : Le Trente-troisième Mariage de Donia Nour comblera tout le monde, amateurs de roman,, de science-fiction mais aussi de politique-fiction.
Il est signé par l'Égyptien Hazem Ilmi (un pseudonyme) vivant en Allemagne (apparemment) et nous raconte comment, dans un futur pas si lointain, l'Égypte est au mains d'une organisation dictatoriale, le Nizam.
Celui-ci tient le pays après avoir coupé l'Égypte en trois bandes de terres, le Nord verdoyant réservé aux puissants du régime, le Centre aux classes moyennes bêtes et tenues par la peur de glisser plus bas, et le Sud où sont relégués les pauvres auxquelles on laisse croire à l'existence d'un enfer plus infernal encore.
Dépassant la pensée de Marx sur "l'opium des peuples", le Nizam a mis en œuvre une politique robotisée de contrôle de la prière, avec obtention de points, dépassant toute méthode antérieure de contrôle de la population. Sa dictature par la conjonction de la double oppression de la religion et de la consommation fonctionne à merveille. Un système bien rodé qui devrait faire réfléchir les classes moyennes des sociétés occidentales... Oui, nous.
Plein d'astuce avec son e-niqab et autres amusantes trouvailles technologiques adaptées aux usages religieux, le roman n'oublie pas de nous parler des antiquités égyptiennes, puisqu'elles resteront un vecteur de la vie économique de ce pays incroyable, des extraterrestres, de la position des femmes en terre islamique, de l'appropriation du corps des plus pauvres par les plus riches et de l'escroquerie fondamentale de toute religion.
Mes sœurs, mes frères, l'humanisme reste un combat...
Même à la plage.





Hazem Ilmi Le Trente-troisième Mariage de Donia Nour, traduit de l'allemand par Hélène Boisson - Denoêl, 2018, 368 pages, 20,90 €