Bizet s’égare à Trieste

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Je flânais, depuis trois jours, dans Trieste... J’avais décieé, avant mon départ, de faire une promenade d’adieu dans les vieux quartiers, au-dessous de la citadelle.

Trieste, c’est gênes, c’est notre Marseille avec je ne sais quoi de plus âpre dans sa misère. Ses rues étroites, aux escaliers chaotiques, sont pleines d’une marmaille hurlante, brutale, qui, au milieu d’une bataille, se découvre ou se signe devant une statue de la madone. Elles sont souillées d’ordures et ruissellent de poussière d’or, de l’aube au crépuscule. Elles ont l’odeur de la pourriture et les parfums des vergers de la côte y viennent rôder, poussés par les vents de l’Adriatique. On y rencontre des officiers italiens drapés dans leur cape comme leurs ancêtres dans la toge, des femmes aux châles noirs de Venise, des loqueteux et ces étranges mendiants qui tendent d’abord la main, et vous offrent ensuite, à voix basse des fleurs fanées et des colliers de verroterie.

René Bizet Le Sang des rois. — Paris, La Renaissance du livre, 1923.


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