On appelle ça un cutting (1)
Cet ersatz de thé qui bouillonne nuit et jour sur les trottoirs
La drogue cent fois bouillie d’un peuple édenté
Nectar de quat’sous, griserie vite oubliée
Une pauvre trève dans la vaine journée d’une existence sans but
Vue à travers la vapeur de ce breuvage à cinq roupies
La ville tremble comme un mirage
Pas d’arbres en bordure des routes
Pas d’administration pour réparer les nids-de-poule
Personne n’a le pouvoir, personne n’est responsable
(1) Dans le pidgin de Mumbai, le demi-gobelet de chai.
Altaf Tyrewala Le Ministère des sentiments blessés, chronique poétique traduite de l’anglais (Inde) par Bee Formentelli. — Arles, Actes Sud, 80 p., 13,50 €