Victor Cyril (1872-1925)

VictorCyril.jpg




Journaliste à L'Humanité, à Clarté (1919) et à l'Intransigeant, Victor Édouard Désiré Berger avait pris le pseudonyme de Victor Cyril. Avec son frère Eugène Berger, il publia plusieurs romans-enquêtes d'inspirations sociologiques sur des sujets sombres d'alors, et cette fois sous le pseudonyme de Cyril-Berger. En particulier La Main sur la nuque (1909), fiction-reportage consacrée à la plèbe parisienne, un peu avant La Maternelle (qui reparaît, réjouissons-nous, dès janvier aux éditions L’Éveilleur) et Aubervilliers (qui est toujours disponible, réjouissons-nous dans la collection L'Alambic, à l'Arbre vengeur), parallèlement aux flâneries de Jean-François Louis Merlet, et avant celles de Jacques Yonnet.
Né le 3 mai 1872 à Bordeaux, Victor Cyril ne fera pas trop long feu : il décède le 4 janvier 1925 à Paris. Ce qui explique cet article nécrologique dans la page récapitulative des morts de l'année par Comedia, où il figure aux côtés d'Erik Satie.



Victor Cyril
Victor Cyril était un employé de banque, assez joli garçon, ressemblant, d'une ressemblance un peu ratée, à Bonaparte. Il écrivaillait pour se distraire. Un soir d'hiver, aux Champs-Elysées. un mendiant l'implora. Victor Cyril se mit à causer avec lui. En échange de son aumône, il reçut les confidences du malheureux qui lui proposa de le guider à travers le monde des miséreux, des déchus, des hors la loi. Alors commença une « tournée des grands ducs ». mais une tournée tragique et sincèrement organisée.
Rares sont les œuvres d'une qualité comparable à celle de Amants et Voleurs, de la Maternelle ou de Marie-Claire. On peut les dire de grande classe. De grande classe aussi est La Main sur la nuque, qui résulta de cette enquête.
Pour documenter son livre, l'auteur s'est vêtu en loqueteux et s'est étroitement mêlé, durant plusieurs mois, aux modèles qu'il voulait .étudier. Il s'imprégna de leur souffrance, confessa patiemment les consciences les plus rebelles. Une telle fréquentation lui valut quelques poux et un bel ensemble de notations dignes d'un Dostoïewsky.
Après La Main sur la nuque, Victor Cyril s'adjoignit la collaboration du docteur Eugène Berger, qui lui ressemble comme un frère, car c'est son frère. Tous deux entreprirent Les Têtes Baissées, étude socio-psychologique, de cette catégorie spéciale d'humanité, classée par eux sous le nom de « paupérisme solitaire ». Ce fut ensuite une longue série de romans d'action, d'où s'échappe souvent, comme dans Cri-Cri et Pendant qu'il se bat, le grand cri d'amour et de rédemption..
C'est aujourd'hui, enfin, sous ce titre, La Coco, une émouvante enquête sur le plus funeste des poisons modernes, la cocaïne, qui fait, tout comme la misère, des martyrs et des déchus.
Victor Cyril n'est plus, aujourd'hui, qu'écrivain. La sobriété forte de son style, l'ordre qui met en valeur ses enquêtes, son intelligence pénétrante, et sa bonté, font de lui un de nos littérateurs les moins littéraires, un de nos évocateurs les plus puissants.
Paul Reboux (Paris-Soir, 4 mai 1924).


Victor Cyril est mort
Nous apprenons la mort de Victor Cyril, décédé dimanche dans la soirée à la suite d'une hémorragie cérébrale. Frère du docteur Berger, il donna, l'année dernière, en collaboration avec celui-ci, un important ouvrage sur La Cocaïne, poison moderne. Cette monographie obtint un gros succès, et il sera désormais impossible d'étudier la question des stupéfiants sans y recourir.
Toujours en collaboration avec son frère, il avait déjà écrit Les Têtes baissées, roman social qui parut en feuilleton en 1912 dans L'Humanité. La Main sur la nuque, qui avait depuis longtemps établi la réputation de ces deux écrivains, manqua de peu le prix Goncourt. Collaborateur à L'Intransigeant, il mena récemment une campagne vigoureuse contre les « garnis » et le scandale des quartiers malsains, refuges de la misère et foyers de maladies.
On lui doit encore plusieurs romans : Cri-Cri, L'Expérience du docteur Lorde, Un As et La Merveilleuse Aventure. Sa traduction des Prisonniers de guerre de Léon Feutchwangen (sic), et du Tunnel, de Dermud (sic) Kellermann, et Les Yeux qui changent, pièce en quatre actes, ont tout dernièrement paru en librairie.
Les obsèques sont fixées au jeudi 8 courant, à midi précis, en l'église Saint-Augustin, où l'on se réunira. Le corps sera conduit à Lubersac (Corrèze), où aura lieu l'inhumation. (Comoedia, 7 janvier 1925).

Victor Cyril est mort
(...) Adhérent à Clarté après la guerre et membre influent de ce groupe dont il fut, pendant quelque temps, secrétaire général, il fut poursuivi pour antimilitarisme. Il disparut de la lutte politique et se consacra entièrement à la littérature. Il publia des contes et des chroniques dans de nombreux journaux et écrivit des romans romanesques, genre romans d'aventure et d'épouvante, et quelques pièces de théâtre dont l'une, pensons-nous, avait été retenue par M. Rodolphe Darzens, le directeur du Théâtre des Arts.
(...) La meilleure de ses œuvres personnelles reste Les Têtes baissées, où il a "brossé des tableaux de pauvres hères parisiens qui resteront". (...) (Paris-Soir, 7 janvier 1925).

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/4125

Haut de page