En toutes choses, soyez gens de goût : il y a quelques années, L'Eveilleur rééditait L'Elève Gilles d'André Lafon, un ami de jeunesse de Mauriac mort en 1915.
Le texte appartient à la cohorte des très bons livres du siècle dernier : c'est le récit de l'enfance d'un jeune garçon sensible et craintif, délaissé par ses parents, envoyé chez sa tante, propriétaire viticole, puis en internat.
Comme Louis Codet, comme Dalize, comme toutes les jeunes filles et jeunes gens bourrés de talent, il a été fauché trop jeune. Il a juste eu le temps de recevoir, tout de même ! le Grand prix de littérature de l'Académie française 1912 juste inauguré.
Je m'appelle Jean Gilles. J'entrais dans ma onzième année, lorsqu'un matin d'hiver, ma mère décida de me conduire chez la grand'-tante aux soins de qui l'on me confiait habituellement pour les vacances. J'y devais demeurer quelque temps ; une coqueluche qui s'achevait était le prétexte de ce séjour, à l'idée duquel j'aurais éprouvé bien de la joie, si je ne sais quoi dans sa brusque nouvelle, ne m'eût empêché de m'abandonner à ce sentiment.
Mon père ne parut pas au déjeuner ; j'appris qu'il se trouvait las et prenait du repos. (...)
André Lafon L'Elève Gilles. Préface François Mauriac. Postface Jean-Marie Planes. - Bordeaux, L'Eveilleur, 157 pages, 17 € avec des illustrations !