La Petite Apocalypse de Tadeusz

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Tandis que l’édition française se prépare à nous mettre en vente les 692 « Journal de confinement » en cours de rédaction à travers la France (1) — Pardon 892, on me signale que j’en oublie —, il nous reste quelques très bons livres à engloutir, et notamment La Petite Apocalypse de Tadeusz Konwicki, récemment prise en main par les éditions du Typhon.
Disparu il y a cinq ans, Tadeusz Konwicki (1926-2015) avait été publié en France dès 1971 et la plupart de ses livres traduits, jusqu’à son ''Roman de gare contemporain’’ dont le titre indique les vertus ironiques du gaillard, longtemps opposant au régime polonais.

Sa ''Petite Apocalypse’’, longtemps diffusée sous le manteau, évoque la période de la déliquescence du régime — Coasta-Gavras en avait donné une interprétation cinématographique en 1993 avec André Dussollier —en des termes pleins d’humour et dans un panoramique très perplexe des forces en présence, professionnels de l’opposition rejoignant les tortionnaires dans un néant comique qui ne manque ni de profondeur, ni de pertinence.
Pour saluer la nouvelle édition de cet excellent livre et cet écrivain qui, dans les années 1070 avait entamé son ''journal mensonger'’ où il faisait assumer par son chat, Kot Iwan, un ensemble de ragots et de faussetés (2), nous y reviendrons dans les jours qui viennent à plusieurs reprises.

— Ainsi vous voilà contestataire, observa Mme Margot. Je me suis toujours imaginé un contestataire en homme jeune, chevelu et sauvage.
— Que voulez-vous, le régime a vieilli et nous avec lui. Tout ça dure trop longtemps. C’est un spectacle plein de longueurs qui manquent de tension dramatique.
— Vous allez créer une nouvelle secte ou c’est déjà chose faite ?
— Ma secte, c’est moi, et je suis en chacun de vous. Car mon moi biologique n’existe plus. Je n’ai plus d’adresse, plus de biographie. Je suis un virus ou une bactérie, ou peut-être l’enzyme du vice qui hante vos consciences. Je ne suis plus là, Madame, je n’existe plus. Les paroles que vous entendez ne sont que les ondes perdues dans l’éther, l’écho de vos propres paroles ou un monotone mémorandum échappé de la gorge divine.



Tadeusz Konwicki ''La Petite Apocalypse’'. Traduit du Polonais par de Zofia Bobowicz. Préface de Costa-Gavras.— Marseille, Editions du Typhon, 332 pages, 18,90 €


(1) On se promet un automne pénible. Et si l’on en juge par les deux ou trois faces de Carême qu’on nous sert en illustration dès à présent, qu’elles soient recluses en Vendée, à l’île de Ré, à Pétaouchnock (France) ou en Sibérie, on devine bien quelle haute métaphysique va devenir notre lire quotidien...
(2) Ceci comme indice à nos compatriotes rédacteurs de leur fameux « Journal de confinement ». Ils pourraient y trouver de quoi se mettre du plomb où l’on pense.


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