Des pays habitables

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Depuis son année 1910, l’Amazone nous indiquait que la littérature était devenu un pays inhabitable. Joël Cornuault nous dit le contraire en lançant sa revue ''Des Pays habitables’'.
Dans un espace plus largement étendu que sa feuille subreptice (1), il déploie l’éventail des littératures vouées à la terre et aux situations où s’est installé et réside l’être humain : voici Shakespeare et Humboldt, feu Julien Bosc (1964-2018) et même Cécile Even. Ici l'incontournable Elisée Reclus dont Joël Cornuault est un fin connaisseur, et même Bernard Palissy, lesquels forgent des utopies, puis Margaret Fuller — dont on avait fait connaissance dans le livre de Cornuault Thoreau, dandy crotté & autres portraits américains, où l'on brosse un portrait chaleureux de Margaret Fuller (éditions du Sandre, 2013) — lance des lettres d’amour inattendue, Malcolm de Chazal ulule à la lune, un bois gravé de Louis Moreau sert de frontispice, tout est en ordre dans un monde qui cherche l’harmonie et s’essaye et à la simplicité et au bonheur. La gravure de Moreau montre un trimardeur saluant au moment de son départ la ville et ses cheminées d’usine qu’il quitte. Le message est là : bougeons, secouons nos hardes d’habitude, quittons notre environnement (détestable) et nos habitudes mortifères, mais restons où et ce que nous sommes : sur Terre.
Voilà pourquoi l’on croise autant d’amour et d’idées en ces quatre-vingt pages bien remplies.
Au grand scientifique Humboldt le dernier mot :

Le sentiment si diversement manifesté de la nature, et la condition des pays que les peuples habitent actuellement ou qu’ils ont jadis traversés dans leurs migrations, ont enrichi les langues de mots plus ou moins significatifs pour exprimer la configuration des montagnes, l’état de la végétation, l’aspect de l’atmosphère, le contour et le groupement des nuages ; mais beaucoup de ces mots ont été détournés de leur sens primitif par un long usage et par l’arbitraire de la littérature.

Incroyable ! Voilà que l'on rejoint l’Amazone, qui n’avait pas lu, néanmoins ''Des pays habitables’'. Et évidemment pas le « Journal d’une amibe » d’Anne-Marie Beeckman, qui nous dit toute l’inutilité du voyage... Bonbon pour ces jours d’errances de canapé en fauteuil, en chambre.


Des pays habitables. Naïveté, Utopie, Exubérance. Numéro 1, printemps 2020 — Vichy, Librairie La Brèche, 84 pages, 13 €

(1) Notes de Phénix.

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