Un geste cruellement posthume

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Les vacances sont finies. Il est temps de se remettre à l’étude.
Première étape, Violence et métamorphoses, d’Eleonora de Conciliis.

Dans l’ensemble, l’écriture, qu’elle soit littéraire ou philosophique, représente un exerice ou une pratqiue qui pousse à la limite, su-limine, mais sur un mode sublimatoire différent des autres pratiques artistiques. Il s’agit d’une forme de sublimation horizontale et non verticlae (non phallique mais pas non plus « gatée » par le maternel, pour utiliser la terminologie de Sloterdijk), pratiquée dans une immobilité qui imite la mort : le corps reste immobile quand on écrit (je rappelle que Kafka écrivait dans son lit) — seule la main se meut. En termes derridiens, celui qui écrit sait déjà qu’il va mourir, il fait le mort, plume en main (aujourd’hui une souris et un clavier) presque comme une faucille ou comme une arme retournée contre lui-même : l’écriture est un acte ou un geste cruellement posthume qui supporte la mort, parce qu’il la présuppose.


Dans la mesure où elle ouvre le champ humain (...) la violence n’est ni bestiale ni simple, elle n’est en rien un effondrement ou une régression dans la barbarie ; elle est, au contraire, un produit de la civilisation, un effet de langage. L’homme produit de la violence en se comparant aux autres hommes dans l’univers de la langue. Même si nous imaginons (par la force de l’abstraction) la violence comme tout à fait dénuée de raison et donc, stupide, obtuse, nous ne pouvons pas envisager cette stupidité comme une base animale de l’homme, mais uniquement comme le résultat paradoxal de la raisonnabilité de notre comportement.


« l’écriture est un acte ou un geste cruellement posthume »... voilà qui nous inspire. Et l’essai d’Eleonora de Conciliis, ici survolé mérite qu’on s’y penche. Il est dense et devrait passionner, ou interroger tous ceux qui d’écrire font grand cas.
Ecrire est-il un geste révolutionnaire ?



Eleonora de Conciliis ''Violence et métamorphoses. Le pouvoir des mots et de l’écriture’’, traduit par Paolo Bellomo et Iris Berger Peillon. — Le Pré Saint-Gervais, Asinamali, 112 pages, 13 € Diffusion Hobo.



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