Grumes en stock

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Si la part qu’a prise l’écrivain droitiste Pierre Gripari (Les Contes de la rue Broca) dans l’émergence de ce texte n’est pas tout à fait élucidée, il n’est reste pas moins que La Scierie est l’un des livres les plus marquants qui auront été produits sur le monde du travail au siècle dernier. Et en particulier dans ce monde des grumiers si dangereux où le moindre tronc tue sans coup férir (on ne peut s’empêcher de rapprocher certaines scènes à L’Arbre d’or de John Vaillant, Noir sur Blanc, 2014, et, plus généralement au phénoménal ''Coupe sombre'’ d’Oscar Peer, Zoé, 1999, « Zoé poche », 2020).
Présenté comme le récit d’un épisode de deux ans dans la vie d’un jeune bourgeois conduit à travailler de ses mains pour gagner sa vie, on y écoute l’homme vieilli raconter comme il fut confronté à la rugosité du monde prolétarien et de ses membres humains, trop humains. Une phrase sans apprêt, au dire essentiel est sans doute la source de la fascination que suscite La Scierie. Malgré l’âpreté et son pessimisme profond, elle rend un son de vérité qui traverse sa littérature comme rarement : « Manque de temps et surtout la fatigue. »


C’est un terrain immense où sont empilés : plots, planches, traverses, madriers, bastings, etc. A côté, le chantier à grumes où se trouvent deux tas de grumes, un en face de chaque chariot. Le tout sillonné de rails sur lesquels se trouvent de petits wagonnets servant au transport du bois scié vers les piles. Et, tout au bout, un petit hangar, long de vingt mètres, haut de deux mètres cinquante, qui abrite le forestier. C’est là qu’on souffre.



La Scierie, récit anonyme présenté par Pierre Gripari. — Héros-Limite, 142 pages, 18 €

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