Belgiqueries et faussetés

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La Ronde poursuit sa danse. Deux récentes livraisons nous emmènent au fil des pages, et sur des rythmes fort différents.
Tout d’abord un rythme voué au faux, avec l’illustration formidable des images « cataractérisées » de David Leleu (un frottis gris-blanc au coeur de l’image) et des textes de Vincent Puente, Jeanne Pélissier, Michéa Jacobi et l’inévitable Sophie Martin dont la flâneuse impertinence nous plaît toujours autant.
Le second, plus tressautant, est un numéro dédié à la belgistique, une science nouvelle dont La Ronde tente de trouver des applications utiles et agréables. Catherine Peter, AppAs et le permanent Ghislain pierre qui s’intéresse et interroge Jan Bucquoy, cet artiste surréalisto-tintinophile à tête d’Arrabal, spécialiste de la question de la période collaborationniste d'Hergé (cf. L’Etoile mystérieuse évidemment) et auteur de ''La Vie sexuelle de Tintin’’. Son livre délicieusement scandaleux a été longtemps attaqué en justice par l’entreprise gérant les droits d’Hergé, mais il se trouve désormais réédité sans encombre, probablement pour éviter que ne resurgisse en même temps que cette question de droit moral, c’est le cas de le dire, celle du fascisme et du racisme dans l'oeuvre du grand homme (Hergé) composée en partie sous la photographie du Führer.
Bref, un numéro plein d’entrain et d’images chaudes comme la braise, en même temps que des magritteries, de la Norgerie, des réponses de Jacques Charlier, un rappel des vertus de Zonzon Pépette, fille de joie, grand livre du siècle dernier, dû à ce dingo d’André Baillon comme on sait bien ici, un portrait plus inattendu de Pascal Pia (on s’attendait à Louis Scutenaire) par l'éditeur Jacques Baujard, qui prend prétexte de la parution des vers de Pia dans ''Le Disque Vert’’ en 1920 pour lui tracer des lauriers, puis Marion Chapoutot s’inquiète de la comédienne Virginie Efira, Juliette Hubert donne avec A. G. des poèmes, Qentintin enquête au Bon Marché, on empile des timbres postaux belges et Sophie Martin, toujours elle, se lance dans le papillon slogantifère grâce auquel elle va (encore) tenter de semer la zizanie. Cette fois, c'est

En revenant du Club des poètes de le rue de Bourgogne, dans le 7e arrondissement de Paris, après une soirée consacrée aux jeunes poètes contemporains. »

(Mais, bons dieux, qu’allait-donc-t-elle-y-faire ?)
Sur le mode surréaliste, elle lance en représailles à ces désolantes floralies quelques vers pas perdus pour tout le monde...

La bohème, niais, n’existe plus... (...) Pauvres auto-sidérés ce que
vous écrivez pour l’instant en
Alignant les mots
Âme, amour, astres, désastres, bohème n’arrive
Pas à la cheville d’une affiche
Or et noir dans le métro avec des silhouettes
Minces s’apprêtant à baiser
Pour faire vendre des préservatifs...
Si vous n’avez pas
Envie d’écrire que l’amour
N’est pas l’amour
Devenez Publicitaire !
(...)
Si vous n’avez pas envie
D’écrire tout ce qu’une fille
A le temps de penser pendant Qu’un type enfile un préservatif
Faites des affiches pour vendre des préservatifs
(...)



La Ronde, revue menteuse, septembre 2929, 5 euros
La Ronde, revue belgistique, novembre 2020 5 euros

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