Avant-hier Bazire m'a quitté. J'ai ressenti son départ comme une libération. Comme chaque fois, avec sa venue, les coqs des bois avaient déserté ma cour ; mais ils ne s'étaient jamais retirés aussi loin. Ils ont reparu à plusieurs ce matin avec leurs belles femelles faites pour couvert dans la rosée — et les voilà qui se remettent à caqueter à midi, dans un angélus précipité et bien à eux, sous les manguiers. Au sommet de la colline le matin a retrouvé le goût de son illumination fraternelle des six heures ; il descend ; il s'ourle de petites senteurs fraîches, de frissons, et entre et m'attend sous la varangue pour que nous intronisions à deux la chaleur reine. Il y a eu partout une réconciliation. Je rapprends l'odeur de vague térébenthine des mangues et devant moi, en mon honneur, la citronnelle de nouveau duellise contre le vent de ses longues feuilles-fleurets ; au premier sang on s'arrêtera et ce sera le beau du jour...
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Loys Masson Les Tortues. — Talence, L'Arbre vengeur, 2021, « L’Alambic », 306 pages, 17 €