Notre petite ville

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Ioannina est la plus grande ville de l'Epire, la région grecque. Dimitris Hadzis, qui y est né en 1913 s'en est fait le chantre, ou le chroniqueur. Parce qu'il y était directeur du journal qui lui légua son père, puis parce qu'il en fut exilé. Communiste, après avoir été arrêté une première fois en 1936, il s'installa à BUdapest et ne put revenir en Grèce qu'en 1975, quelques mois avant sa mort.
En attendant la réédition de sa grande oeuvre, La Fin de notre petite ville, et, aussi, l'édition de ses livres inédits, saluons ici Michel Volkovitch, son traducteur français et donnons envie...
Dimitris Hadzis reste donc avec Wilder, Gourmont, Kotzebue, Charles-Louis Philippe, Georges Philippe, Jean Lorrain et quelques autres l'un de ces auteur de textes intitulés "Petite ville", cette mystérieuse engeance.

Elle est belle aussi notre petite ville, cette bourgade en pleine province grecque. Les collines qui l'entourent, les petites rivières, les fleurs... Et vous avez entièrement raison, monsieur Thornton Wilder. Comment vous l'avez bien décrite, la vie ordinaire d'une petite cité, dans votre pièce bien connue, Notre petite ville ! Nous l'avons lue nous aussi en Grèce, nous l'avons vue au théâtre, et vraiment vous avez raisons : il ne se passe jamais rien. Tout s'écoule paisiblement, régulièrement, dans l'inébranlable harmonie de l'ordre séculaire. Le matin, voici le laitier. Bientôt on vend les journaux. A midi c'est la sortie de l'école et les enfants rentrent chez eux joyeux et affamés. En fin d'après-midi les filles sortent se promener. Les mères, les grand-mères, les tantes s'asseyent aux fenêtres, aux balcons, parmi les pots de fleurs ; elles brodent, elles se souviennent. Les hommes sont à leurs occupations honnêtes. De temps en temps il y a quelqu'un qui meurt, et c'est triste. Nous allons tous au cimetière; seulement voilà, une fois de plus rien n'est perdu. Arrivent alors à nos côtés, pleines de vie, les âmes de nos morts bien -aimés, et si par hasard il pleut elles viennent elles aussi sous les parapluies qu'on ouvre, de peur d'être mouillées, et elles parlent avec nous si familièrement, si raisonnablement, de nos affaires avant tout, comment ça marche, et nos filles, comme elles ont grandi, ce sont des femmes à présent, il va falloir les marier...
Et rien d'autre ne se passe jamais. Ni là-là-bas, chez vous, dans votre célèbre petite ville. Ni chez nous, ici, dans notre pauvre bourgade. (
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Dimìtris Hadzis La Fin de notre petite ville. Nouvelles traduites du grec par Michel Volkovitch et Patricia Portier. — Tome 1 : Bruxelles, Complexe, 1989 ; Tome II : La Tour d'Aigue, Editions de l'Aube, 1990. Edition intégrale : L'Aube, 2002, "L'Aube poche " (n° 77), 272 pages.

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