Il est bien bleu le nouveau numéro florilège de la revue Brèves. En couverture, on devine sur une photo de Laurence Delort son éditeur de père, Daniel Delort, cowboy solitaire au bord d'une rivière (La Garonne ?), les mains dans les poches, en flâneur de quelque rive, un rien dégagé et pensif. Une très belle photographie qui souligne ce petit fait vrai qu'il y a toujours derrière ces objets d'encre, de papier, de carte et de colle, voire de ficelles que sont les livres et les revues, des êtres qui se sont consacrés à la littérature des autres. On n'y pense pas assez.
Dans le numéro florilège; on lit Georges-Olivier Châteaureynaud, Roland Goeller, Sylvie Daffix, Michèle Gerber Claret, Michel-Georges Ferrer, Dan Goetzinger, Williams Exbrayat, Xavier Lapeyroux, Monique Romagny-Vial, Jacques Rimbert , Jean-Pierre Fouilleul et Ernest Fourachault. Côté vieilleries délicieuses, Charles Torquet revient sur "Les Mystères de la bibliothèque" (il en reste malgré les protocoles iiif et autres panacées informatiques). Le tout est drôlement varié. On y aussi croise une chouette effraye, des clochers de Barcelone, des trains pour Paris, et quelques autres choses bien pratiques.
Et parce qu'on n'est jamais rassasié, l'écrivain et traducteur Michel Ots interroge la nouvelliste allemande Felicitas Hoppe dont le premier recueil Le Pique-Nique des coiffeurs (Jacqueline Chambon, 1999) avait connu un très beau succès lors de sa parution en Allemagne. Depuis, quatre livres ont paru en France dont et, plus récemment, aux éditions Piranha La Vie rêvée de Hoppe (2016). Elle dit notamment ceci :
(L)a vie ne se consigne pas par écrit, elle advient par ce que nous écrivons à son sujet (avec tous les risques et effets secondaires que cela implique).
Une pensée qu'aurait pu avoir Mario Levrero...
En comme, il est temps d'aller voir de plus près les livres de cette dame.
(Bref, on a toujours quelque lecture de retard...)
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Brèves (n° 119)
L'Atelier du Gué, 160 pages, 18 €