N'effrayez pas les cailles

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Dans le delta, on ne brûle que du mesquite, qui est le nec plus ultra des combustibles odorants. Mordus par cent gelées et cent crues qui les ont rendus cassants et fragiles, recuits par un millier de soleils, les ossement tordus de ces arbres antiques se trouvent partout, à chaque bivouac, prêts à jeter une fumée bleue oblique dans le ciel du crépuscule, prêts à chanter du chant des bouilloires à cuire une miche de pain, à dorer une marmite de vailles, à chauffer les reins des hommes et des bêtes. Lorsqu'on vient de jeter une pelletée de charbons de mesquite sous la cocotte, il faut prendre garde à ne pas s'asseoir à cet endroit avant l'heure du coucher, sous peine de se relever aussitôt avec un hurlement qui fait s'envoler les cailles perchées dans les arbres.





Aldo Leopold Almanach d'un comté des sables. Traduit par Anna Gibson. - Paris, Aubier, 1995 ; Flammarion, "GF", 2017.
Et aussi
Aldo Leopold Pour la santé de la terre. Traduction d'Anne-Sylvie Homassel. - José Corti, "Biophilia" (n° 7), 264 pages, 22 €



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