Pas mal de psychotropes dans le nouveau roman de Lucien Suel, le jardinier nordiste à plume qui prend plaisir à se remémorer des années vécues joyeusement... Le sujet de son livre, c'est Claire, qui a laissé, disparue, son amoureux Jean-Baptiste Rivière en déshérence sur cette terre de tristesse et de réseaux-claviers-écrans.
Ce n'est plus de son âge, ni de ses goûts mais le Ténébreux, le Veuf, l'Inconsolé se verrait bien absorber un de ces petits morceaux de buvard comme il s'en trouvait au début des années soixante-dix. Ainsi, peut-être rejoindrait-il son amour au milieu des chèvres qui dévalent de la montagne de Gallaad, ou Claire "brillante comme le soleil, terrible comme les drapeaux en bataille."
Et Jean-Baptiste échange avec ses contemporains, dont l'anonyme DarkDada, tandis que Claire regimbe depuis son presque silencieux séjour sur la perte qu'elle a faite de son corps et de son amoureux.
Paysage poétique avec figures plus ou moins absentes, Rivière ne prendra pas les lecteurs de Suel par surprise : ils y trouveront du rêve, des souvenirs de ses années rock'n'roll, du son, des mots et des substances avec, pour finir, une brouette. On n'en manque jamais chez le jardinier.
Lucien Suel Rivière. — Épaux-Bézu, Editions Cours toujours, 152 pages, 17 €