Les couvertures du siècle dernier (CI)

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La Cadillac fut achetée le vingt-deux avril mil neuf cent quarante-neuf.

Mon meilleur ami s’appelle Antoine. Sortant tout à coup d’une étrange retraite, il devint le noyau de ces volontés. Le vieux compagnon d’armes arriva, grand comme on n’osait y croire, marchant les pieds en dehors. Le sage artiste se trouvait alors à la tête d’un veston de velours à côtes feuille-morte, taillé par sa grand-mère dans une étoffe de fauteuil, de deux pantalons, l’un trop étroit de flanelle grise, l’autre de velours brun qu’il avait acheté à Londres en quittant l’armée, de quelques paquets de cigarettes vides et d’un courage froid. Sa foi ne trouvait pas son application, tournant à un désespoir qu’il cultivait comme un géranium et que fumait sa paresse. Il coupait ses cheveux blonds avec des ciseaux de couture,, ce qui lui faisait une tête d’arquebusier. A tout dire enfin, c’était Richard Cœur de Lion, mais son armée ne l’avait pas encore rencontré, la Terre Sainte avait été perdue dans un déménagement, la Croisade enfin s’était consumée dans les casernes anglaises et n’avait perdu d’effectifs que dans celles du Maroc, décimés par les bousbirs.




Michel Bataille La Marche au soleil. - Paris, R. Laffont, 1951.


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