Air égaré, chapeau penché sur la tête et laissant apparaître un pan de ses cheveux, Francis Dubalu,
en suspens au milieu de corps et de visages qui autour de lui défilent, le col de son tergal relevé, malgré la douceur de cette soirée, à l'aveugle dans ces rues en labyrinthe, bigurquant, obliquant dsans but, sans canevas, sans savoir,
où, par où, vers où,
ni sans comprendre rien au tumulte de cette foule qui l'enveloppe et qui, se formant se déformant, le brinquebale par-delà trottoirs et trottoirs,
pour une fois regarde les magasins sans qu'aussitôt soit en lui déclenché le réflexe de sa profession, qu'il prend justement bien soin d'étouffer ce soir pour profiter au lieux de cette promenade, voir en curieux, en badaud,
et pourquoi pas en éventuel acheteur,
en un mot à s'occuper seulement de demeurer tout à fait à son aise dans cet inconnue, et d'en jouir, en fumant des cigarettes dans l'à présent clair-obscur des rues où les premières vitrines s'allument dans un bruyant entre chien et loup.
Bernard Waller Dubalu. Témoignage de Carl Aderhold, préface de Jérôme Leroy. - Montreuil, La Grange Batellière, 2024, 96 pages, 15 €