Pour partir un peu (B. Traven, Joël Cornuault, Alain Jugnon, Léo Barthe & Jacques Abeille, Félix Vallotton, B. S. Johnson, Eric Chevillard, Joël Roussiez, Walt Whitman)

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La saison est aux tempêtes dans notre région du monde. Afin d’éviter tout drame, nous avons choisi de nous retirer dans les grottes des hauts de l’île.
Vous devinez comment cela se passe : les enfants raffolent de ses incartades où la routine est rompue par les adultes eux-mêmes ; ils croient à un immense pique-nique, et ils n’ont pas tort. Instruit par Kenneth Grahame dans ses deux volumes de souvenirs d’enfance, L’Âge d’or et Jours de rêve (t’excite pas, Toto, ils sont disponibles), nous savons qu’il ne sert à rien de chercher à nous adresser aux enfants un invoquant un ordre supérieur qui leur échapperait. Rien ne leur échappe d’essentiel.
Les adultes quant à eux rechignent, râlouillent et ronchonnent. C’est le diable si j’arrive à les faire grimper quelques kilomètres avec un panier à provisions et un sac à dos. Manquerait plus que je leur demande de prévoir aussi des bouquins ! Et j’use cependant de toutes mes prérogatives de préfet maritime. Rien n’y fait : la partie de campagne n’émeut pas l’adulte. A peine la coercition… Heureusement que les ados nous refont les Stooges et le MC5 à la nuit tombée dans les grottes qui sonnent bien, et beaucoup. C’est très tribal tout ça. Certains dessinent sur les parois. Ne manque que le mammouth.
Pour le reste, quelques livres dans mon sac, et hop, sur le side-car. Les singes adorent le trajet pétaradant.
Parmi ces livres, le nouveau Roussiez dont les maindesingonautes ont pu déguster plus qu’un fragment grâce au flair de Louis Watt-Owen ; un Vallotton noir ressuscité avec des illustrations ; des traductions de Whitman par Cornuault (le meilleur traducteur de l’Américain, sans conteste) ; la suite de la fresque de jacques Abeille (versant érotique en l’occurence) ; un nouveau B. S. Johnson (avons-nous bien parlé de Chalut ici ?), et surtout la traduction intégrale (enfin) du Trésor de la Sierra Madre de Traven : les éditions Sillage font la preuve qu’elles ont ouvert leurs ailes. Nous les saluons une fois encore ici. Elles dament le pion à certains “grands éditeurs” qui ont édité à cinq reprises un livre incomplet en masquant soigneusement le fait, comme le caractère d‘“adaptation” du dit produit (ça c’est “10/18”), sans l’ombre d’une pudeur.
N’oublions pas les pensées malicieusement décalées d’Eric Chevillard issues de son blog (le cousinage avec Julien Grandjean est frappant). Quant à Alain Jugnon, c’est Alain Jugnon dans un exercice dédié à Jean Paulhan (à suivre).


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B. TRAVEN Le Trésor de la Sierra Madre. Traduction de Paul Jimenes. — Paris, Sillage, 319 pages, 19,50 euros

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Walt WHITMAN Quatre rameaux de novembre. Traduits par Joël Cornuault. — Librairie La Brèche, 2008, 32 pages, 6, 90 euros.

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Joël ROUSSIEZ Nous et nos troupeaux. — Versailles, La Rumeur libre, 63 pages, 10 euros

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Léo BARTHE (Jacques ABEILLE) Le Cycle des Contrées IV. Chroniques scandaleuses de Terrèbre. — Ginkgo, 141 pages, 15 euros

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Alain JUGNON Encyclique anale. Vous n’aurez plus jamais mal. — Lyon, Parangon/Vs, 128 pages, 8 euros


A paraître en janvier

Eric CHEVILLARD L’Autofictif. Journal 2007-2008. — L’Arbre vengeur, 2009, 255 pages, 15 euros (la couverture est reproduite en tête de ce billet)

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B. S. JOHNSON Albert Angelo. Traduit par Françoise Marel. — Quidam, 184 pages, 20 euros

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Félix VALLOTTON La Vie meurtrière. — Phébus, coll. “Libretto”, 207 pages, 10 euros

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