Les lambris, les portes glissantes, avec leurs yeux de quartz scintillant, les meubles chargés d'incrustations minutieuses, les statuettes de marbre représentatnt des personnages énigmatiques, les dactylographes me considérant avec stupédaction depuis leurs bureaux : tout cela était on ne peut plus vivant et concret. Mon regard était accroché par un presse-papiers posé sur le bureau, il explorait le visage ridé d'une dactylographe et il filait ensuite vers la port qui, en s'ouvcrant, dégageait de nouvelles perpectives. QUel était don cce palais ? Et où donc, dans la roche tendre du cerceau creusait-on des chambres et des galeries ? Dans l'une des six couches du néo-cortex ? plus profondément encore, dans le thalamus ou dans l'hippocampe ? Dans la chair gris fumée de la zone de Broca ? Dans le faisceau de Vicq d'Azyr ? Ou peut-être plutôt dans le magique déclencheur du sommeil onirique, dans cette selle d'ivoire nommée locus ceruleum ?
Mircea Cartarescu Lulu, roman traduit du roumain par Hélène Lenz. - Austral, 1995.
